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Sur l'île méditerranéenne de Chypre, le cabinet PwC a aidé des dizaines d'oligarques russes à dissimuler leur patrimoine, alors que ces derniers étaient sur le point d'être sanctionnés à la suite de l'invasion ukrainienne, ressort-il d'une enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) publiée mardi par Le Soir, Knack et De Tijd.
L'enquête, baptisée "Cyprus Confidential" et basée sur une fuite massive de 3,6 millions de documents, comprend des comptes annuels, des échanges de courriels, des documents bancaires, des contrats signés ou encore des organigrammes datés pour la plupart entre 2014 et avril 2022.
Elle révèle comment Chypre a déroulé le tapis rouge aux milliardaires russes juste avant l'application des sanctions de l'UE en réponse à l'invasion ukrainienne. Les millions de documents montrent que dans de nombreux cas, c'est PwC Chypre, le plus gros cabinet comptable de l'île, qui aurait aidé ces oligarques déjà sanctionnés par d'autres pays à transférer leurs actifs vers Chypre. Le cabinet a notamment aidé le magnat russe Alexeï Mordashov à transférer ses actions dans le géant mondial du tourisme, le groupe TUI, vers la Russie, tout en préservant les avoirs de sa holding chypriote des sanctions.
PwC Chypre et Cypcodirect, un partenaire du cabinet, ont offert leurs services à Oleg Deripaska, un proche allié de Poutine. Placé sur la liste des sanctions par le Trésor américain en avril 2018, il obtiendra l'assistance de PwC Chypre et Cypcodirect quelques jours plus tard, pour aider l'une de ses sociétés des îles Caïmans à recruter un capitaine pour son yacht, le Clio, d'une valeur de 70 millions de dollars.
À l'échelle belge, la fuite de documents chypriotes a révélé l'implication de quelque 143 personnes et 40 sociétés. Un chiffre qui ne concerne que six cabinets du pays, précisent Le Soir, Knack et De Tijd.