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Les réactions aux peines du côté des victimes: un avocat marqué par les derniers mots de la présidente, justice "rendue" pour Pierrre-Yves Desaive

Le jury et la Cour, réunis en collège, sont parvenus vendredi, après cinq jours de délibération, à un verdict concernant les peines à infliger aux huit hommes reconnus coupables de terrorisme dans le cadre du procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Les attaques ont fait 35 morts et des centaines de blessés.

En bref, la cour d'assises de Bruxelles a prononcé des peines allant de 10 ans de prison à la réclusion à perpétuité à l'encontre des huit coupables au procès des attentats du 22 mars 2016. Parmi les six co-auteurs des attentats, trois écopent de la réclusion à perpétuité, deux autres de 30 et 20 ans de prison et le dernier, Salah Abdeslam, n'écope pas de peine compte tenu du fait qu'il est déjà condamné à la peine maximale en France ainsi qu'à une peine de 20 ans de prison en Belgique pour des faits "connexes" aux attentats du 22 mars. Les co-auteurs des attentats les plus lourdement condamnés sont Oussama Atar, Osama Krayem et Bilal El Makhoukhi.

À l'issue du verdict, notre journaliste Dominique Demoulin et notre caméraman Thomas Kinet ont interrogé les victimes et les avocats des parties civiles.

Nos clients vont continuer à subir les conséquences des attentats pendant toute leur vie

"C'est une grosse page judiciaire qui se tourne", réagit Guillaume Lys, avocat des parties civiles. "Il a beaucoup été question des peines prononcées à Paris. C'est quelque chose qu'on a tous dit en tant que partie civile dans nos plaidoiries. On était ici pour continuer l'histoire qui avait commencé à être écrite à Paris et donc on en a tenu compte".

Comment les clients de l'avocat réagissent aux peines prononcées? "Je crois qu'ils ont été un peu curieux de la formulation qui avait été qui avait été dite au début. Parce que c'est vrai que c'est du langage très juridique. Je pense qu'ils comprennent effectivement ce renvoi fait à Paris parce qu'on a toujours parlé d'une même cellule qui a frappé Paris et Bruxelles, même si ce sont des actes bien distincts et le fait de tenir compte de ce qui s'est passé là bas tout en additionnant avec une peine qui est prononcée ici, c'est un message qui est tout simplement fondamental. […] Il faut pouvoir refermer ce chapitre pour ce qu'il est, tout en sachant que nos clients vont continuer à subir les conséquences des attentats pendant toute leur vie. Et ça, malheureusement, ça ne changera pas".

Une surprise

L'avocat souligne aussi une surprise survenue ce vendredi soir. "Le fait de ne pas avoir de peine complémentaire pour Abdeslam et Ayari, ça en est une. Il y a une analyse un peu pratique de la situation. Parce qu'il faut quand même se dire une chose, c'est qu'une peine supplémentaire n'aurait pas changé leur situation carcérale quotidienne, ni l'avenir qui leur est dressé". 

Dans une société multiculturelle, ce sont des choses qu'il faut entendre

Guillaume Lys nous confie avoir été marqué par une phrase de la présidente. "Je crois qu'il faut surtout retenir aussi une chose très importante, c'est le mot de la présidente à la fin de la lecture de cet arrêt, qui a dit que cet arrêt se voulait "porteur d'espoir dans une société multiculturelle". Ce sont des choses qu'il faut entendre. C'est un message qu'il faut pouvoir faire passer aussi", souligne-t-il.

Réaction de Pierrre-Yves Desaive, une victime

Pierrre-Yves Desaive est l'une des victimes des attentats à l'aéroport de Zaventem. Il se dit soulagé. "C'est vraiment un poids en moins. C'est un chapitre qui se tourne dans le livre qui restera ouvert toute la vie. Mais oui, ça a été long, c'était dur, ça a été très stressant, mais on a vu aussi la manière dont fonctionnait la justice. Moi, je réitère mon admiration pour le travail de la présidente qui a vraiment fait un procès absolument remarquable. Je pense que tout le monde s'y retrouve vraiment", confie-t-il.

La justice peut être rendue

Il estime sortir changé du procès. "Mon but était vraiment de témoigner. Mon but était d'apporter mon histoire, d'expliquer ce qui s'était passé, puis de rencontrer d'autres personnes. Chaque histoire est complètement différente […] Finalement, j'en ressors avec d'autres sentiments. Le sentiment qu'effectivement la justice peut être rendue", nous dit-il.

Et concernant les peines, qu'en pense Pierrre-Yves Desaive? "À titre personnel, je trouve que les peines qui ont été prononcées reflètent vraiment très bien les culpabilités qui ont été données, (elles) reflètent bien les débats auxquels nous avons assisté", répond-il.

Notre interlocuteur rappelle que des victimes subissent toujours les conséquences des attentats. "Il y a des tas de personnes qui continuent de batailler avec des histoires d'assurance, des histoires qui n'en finissent pas, des problèmes administratifs. Ça, il ne faut vraiment pas le perdre de vue", rappelle-t-il.

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Commentaires

2 commentaires

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  • Le message est eneffet passé : la justice est laxiste et les criminels peuvent en profiter. Je parie qu'ils vont trouver le moyen de ne pas renvoyer abdeslam en France.

    roger rabbit
     Répondre
  • "cet arrêt se voulait "porteur d'espoir dans une société multiculturelle", a donc dit la présidente ? Que ne faut-il pas entendre...

    Philippe Colinge
     Répondre