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"Il y aura forcément de la tension": à quoi peut-on s'attendre pour le Grand Duel Magnette – De Wever?

Caroline Fontenoy et Stef Wauters animeront le Grand Duel entre Paul Magnette, président du PS et Bart De Wever, président de la NVA, ce mardi 28 mai. Les journalistes livrent leurs impressions sur ce débat attendu.

Lorsqu'ils mettent leur pieds sous la table pour cet entretien, c'est la deuxième fois que Stef Wauters et Caroline Fontenoy se voient. Lui, le visage familier de VTM Nieuws et elle, celui de RTL Info. "Le Grand Duel de mardi est encore plus excitant car nous ne nous connaissons pas encore très bien", reconnaît Caroline Fontenoy. "Stef a sa façon de poser des questions et moi la mienne, il faudra donc veiller à ce que nous nous entendions bien. Mais Stef est très sympathique et je suis heureuse que nous puissions faire ça ensemble". Stef Wauters rit. "Si j'avais connu Caroline, j'aurais demandé à le faire avec elle." Rencontre avec les deux journalistes dans une interview croisée RTL info / HLN. Comment appréhendent-ils ce Grand Duel? 

Pas de stress pré-électoral chez vous mais qu'en est-il des hommes politiques avec lesquels vous vous entretenez? Ont-ils l'air tendus?

C.F. Pas mal. On remarque qu'ils sont plus nerveux qu'il y a un an. 

S.W. On sent partout que ce sont des élections dont beaucoup de choses dépendent. 

Plus que d'habitude?

S.W. Je suis journaliste depuis près de 30 ans et à chaque fois, nous parlons de la "Mère de toutes les élections". Les élections sont donc toujours passionnantes, même si je pense qu'elles le sont encore plus aujourd'hui. Tout le monde veut savoir si le Vlaams Belang deviendra le plus grand parti de Flandre. Que se passera-t-il alors? 

Pourquoi le Grand Duel est-il un débat entre Magnette et De Wever et non entre Magnette et Van Grieken?

SW. Il y a près de 15 ans, Yves Leterme et Elio Di Rupo ont été les premiers à s'engager dans ce débat. La dernière fois, c'était entre De Wever et Magnette et à nouveau cette fois-ci. Ce sont les présidents des deux partis les plus importants dans chaque région du pays qui présentent à chaque fois le premier ministre, d'où notre choix. Tom Van Grieken est le plus important dans les sondages, mais nous ne nous laisserons pas guider par lui. 

Serait-il envisageable que Magnette débatte avec Van Grieken?

C.F. Impossible. Il est très catégorique à ce sujet. Tant pour le PS que pour de nombreux autres partis francophones, il est impensable de discuter avec le Vlaams Belang, et encore moins de former un gouvernement avec lui. Même dans les médias francophones, il existe toujours un cordon sanitaire: nous ne donnerons jamais la parole en direct au Vlaams Belang. Si le parti s'avère être le grand vainqueur du 9 juin, nous diffuserons une interview, mais pas en direct. Nous voulons toujours prendre le temps de vérifier les déclarations, car le parti présente les extrêmes et peut faire des propositions dangereuses. 

S.W. En Flandre, il est impensable de ne pas inviter le Vlaams Belang à un débat. 

C.F. Je comprends la philosophie flamande, d'autant plus que le Vlaams Belang est l'un des plus grands partis au nord du pays, mais ce n'est en aucun cas chez nous.

Parlons un peu du Grand Duel. Àquoi peut-on s'attendre?

S.W. À un débat très intéressant sans doute avec les deux hommes politiques les plus importants dans leur région.

C.F. C'est peut-être eux qui vont avoir les cartes en main au lendemain des élections, alors comment vont-ils parvenir à dépasser les points de vue sur lesquels ils ne sont pas d'accord.

S.W.Ca va être dur, sans doute. Et il y aura de la tension. 

Quels seront les grands thèmes abordés?

C.F. Nous parlerons de six thèmes: le pouvoir d'achat, les pensions, l'asile et la migration, la défense et la sécurité, l'énergie et le climat et bien sûr, le confédéralisme. 

S.W. Chaque thème commence par une question très concrète qu'un téléspectateur pose en direct dans le studio. Au total, il y a 200 personnes dans le public: 100 Wallons et 100 Flamands, 20 d'entre eux sont amenés par la N-Va et 20 par le PS. Il y aura donc certainement de l'animosité dans la salle. Je me souviens que lors du précédent débat, les choses étaient parfois animées, avec des applaudissements et des huées. 

C.F. Je suis quand même frappée de voir que lorsqu'on met beaucoup de citoyens ensemble, il y a toujours une volonté de travailler ensemble et de trouver une solution, au-delà des frontières linguistiques. Avec les politiciens, ça ne marche pas. C'est pourquoi j'ai bien l'intention de soulever la question, au cours du débat, savoir si l'égo des hommes politiques ne fait pas parfois obstacle à la recherche de solutions. 

Les débats entre De Wever et Magnette sont généralement animés. 

C.F. Ça fait partie du spectacle politique. Dans tous les débats que j'ai animés, les hommes politiques sont féroces les uns envers les autres et ils jurent mais, une fois les caméras coupées, ils boivent un verre ensemble. Certains quittent le bâtiment presque bras-dessus, bras-dessous. 

S.W. En Flandre, les choses ont changé ces dernières années. Il y a des hommes politiques qui n'ont pas bu un verre ensemble depuis des années. Ces gens ont tellement de rancoeur et de ressentiment qu'on se demande comment ils pourront un jour travailler ensemble de manière constructive. Certains se détestent. C'est très dur mais il y a vraiment beaucoup de ressentiment. Je ne pense pas que ce soit le cas entre De Wever et Magnette: ils semblent avoir un respect mutuel pour le talent politique de l'autre. Je pense qu'ils se rendent compte qu'ils sont liés l'un à l'autre et que, en tant que personnes sensées, ils doivent trouver des solutions ensemble. 

Si vous deviez donner une bonne raison de regarder le débat? 

C.F. On n'en sait jamais trop en politique. Parfois, il peut y avoir des réponses surprenantes. On sait que ces deux-là vont parler à leur électorat. Donc peut-être que ça sera "bas les masques" à certains moments. C'est très intéressant de voir les politiques dans un autre cadre, face à des adversaires costauds. Peut-être que vous aurez les réponses à certaines questions, sur des thèmes qui vous concernent. Je vous encourage fortement à regarder le Grand Duel avec deux poids lourds de la politique qui risquent certainement de nous surprendre. 

Et vous, savez-vous pour qui vous allez voter? 

C.F. Oui, mon choix est fixé depuis longtemps. 

S.W. Je sais aussi pour qui je vais voter, même si je dois avouer que j'ai de plus en plus de mal à choisir. C'est à chaque fois un exercice d'équilibriste, car je ne m'en souviens jamais. Je ne me rallie jamais complètement à un parti. Je ne vote pas non plus toujours pour le même. Mes idées évoluent, tout comme celles des partis. Ma femme est déjà allée voter avec ma procuration à plusieurs reprises, mais maintenant, je me rends moi-même au bureau de vote, tôt le matin. Je pense que c'est important et que c'est même assez amusant. Le jour des élections est une sorte de jour férié après tout. 


Retrouvez le Grand Duel Magnette - De Wever sur RTL TVI et RTL Play ce mardi 28 mai à 20h30. 

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Commentaires

3 commentaires

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  • 1) Plus de cordon sanitaire , il n'a plus lieux d' être 2) La Flandre en a marre , et cela se comprend , des élections "truquées" avec des coalitions qui permettent aux partis "non gagnants d' êtres nommée, voir Vivaldi et le merdier dans lequel ils ont encore plus enfoncé votre pays 3) Le confédéralisme ne peut être que salutaire , en Suisse cela fonctionne à 100% , les décisions importante se font par référendum

    Charles Edouard Seghers
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  • On peut s'attendre à un dialogue de sourd.

    José Docquier
     Répondre
  • "Je pense qu'ils se rendent compte qu'ils sont liés l'un à l'autre" je pense surtout qu'ils agissent par intérêt personnel, sans quoi ils s'entretueraient.

    roger rabbit
     Répondre