Ne pas supprimer les aides dès qu'une personne quitte le CPAS pour un travail: Alexia Bertrand explique l'idée de son parti

Alexia Bertrand était l'invitée de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL TVI. La secrétaire d’Etat au Budget a notamment été interrogée sur un objectif de son parti, l'Open VLD. Le président des libéraux flamands a récemment annoncé sa volonté d'augmenter l'écart de revenus entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas. Alexia Bertrand a précisé comment l'Open VLD compte y parvenir.

Pascal Vrebos: Parlons du chômage, c'était l'actualité de cette semaine. Est-ce que vous trouvez que les chômeurs sont trop bien lotis. Ou bien est-ce que les salaires d'aujourd'hui sont trop riquiquis? Est-ce que c'est pour ça que vous voulez une différence entre le travail et le non travail de 500 euros nets. Est-ce possible une c'est une idée en l'air?

Alexia Bertrand: Aujourd'hui, on constate que le différentiel entre le travail et le non travail n'est plus assez important.

Pascal Vrebos: On dit ça depuis vingt ans.

Alexia Bertrand: Oui mais il y a une différence fondamentale, et c'est nouveau. J'ai été à un colloc organisé par le CPAS de Schaerbeek il y a deux semaines avec une série de travailleurs sociaux. Tout le monde établit le même constat. La conclusion, c'est qu'aujourd'hui, même avec un travail à plein temps, il n'est plus toujours possible de s'émanciper du CPAS. Je ne parle pas encore du chômage, je parle du revenu d'intégration sociale. Ça c'est véritablement grave. Ça veut dire qu'aujourd'hui, des assistants sociaux vont dire "monsieur, madame, n'allez pas travailler parce que vous allez perdre de l'argent". Pourquoi? Parce qu'il y a toute une série d'avantages sociaux dont on bénéfice en fonction du statut. 

Pascal Vrebos: Donc on gèle les allocations sociales?

Alexia Bertrand: L'idée, c'est de créer un différentiel de 500 euros nets. Comment on fait ça? Il faut regrouper l'ensemble des avantages sociaux. Le tarif social énergie, tout ce qui est les aides pour les transports en commun, pour la santé… tous ces avantages…

Pascal Vrebos: On les gèle?

Alexia Bertrand: Non, on les regroupe! Et il ne faut plus que ça soit binaire. Aujourd'hui, le jour où vous allez travailler, ça s'arrête. Mais il faut regarder en fonction des revenus. Il ne faut pas l'arrêter immédiatement. Il faut donner les aides au prorata des besoins. Et je termine, il faut jouer évidemment sur la fiscalité. Ça veut dire baisser la pression fiscale sur les bas et moyens salaires pour arriver à ce différentiel de 500 euros nets.

Pascal Vrebos: Votre collègue Dermagne (ndlr: socialiste, ministre de l'Economie et du Travail) dit, je cite: "Une personne au chômage ne gagne pas plus que quelqu'un qui travaille". Il sous-entend carrément que les libéraux racontent n'importe quoi. Vous mentez?

Alexia Bertrand: Je vous invite à lire l'étude de Marie Castaigne, qui a travaillé auparavant chez Statbel, et qui a fait une étude pour la Fédération des CPAS wallons. Son constat est implacable. Peut-être qu'il regarde uniquement les montants gagnés, mais il oublie d'ajouter toutes les aides sociales. le tarif social énergie, les aides pour les crèches, les allocations familiales majorées, les aides pour les transports en commun, les aides en matière de santé, etc. Si vous additionnez tout cela, il n'y a pas plus d'intérêt pour travailler. Or vous devez vous lever le matin, trouver une solution de garde d'enfant, trouver une solution de transport, peut-être investir dans des vêtements pour travailler.