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Un chômeur gagne plus qu'un caissier? Deux spécialistes recadrent les propos d'Egbert Lachaert, le président des libéraux flamands

Invité sur Bel RTL ce lundi matin, le président de l'Open VLD a indiqué que le système social belge est "trop avantageux". Pour le libéral flamand, la différence entre les allocations de chômage et les salaires n'est pas suffisante. Sa solution? Limiter les allocations de chômage dans le temps et supprimer le CPAS pour certains Belges. Dans son interview, Egbert Lachaert illustre ses propos d'un exemple concret: "Notre système de CPAS, si on compte tous les avantages, quelqu'un qui travaille à la caisse chez Colruyt a moins", a-t-il affirmé.

Suite à cette intervention d'Egbert Lachaert, nous avons interrogé deux personnes bien renseignées sur le monde du travail et le secteur économique. Nous les avons fait réagir sur divers éléments avancés par le libéral.

1. Un caissier chez Colruyt gagne autant qu'un bénéficiaire du revenu d'intégration sociale?

Philippe Defeyt, économiste et ancien co-président d'Ecolo:

"C'est juste impossible s'il travaille à temps plein. Certainement pas dans tous les cas. Son salaire net est supérieur à ce que la personne aurait au CPAS. Si par contre cette personne travaille à temps partiel, elle aura peut-être moins qu'un bénéficiaire du revenu d'intégration. Mais dans ce cas-là, le CPAS va lui verser la différence. Donc, à tous les coups, il est juste impossible de gagner moins qu'un bénéficiaire qui est au CPAS".

Myriam Djegham, secrétaire nationale de la CNE (syndicat chrétien):

"Non, je pense que c'est de la démagogie. Dire ça, c'est pour à nouveau critiquer les allocataires sociaux qui ont besoin d'un minimum pour vivre. Et les salaires dans le commerce sont effectivement bas, mais ils ne sont pas du même ordre. Effectivement, il y a un souci avec ces salaires et donc il faut valoriser le travail. Il faut savoir que les entreprises du commerce font des bénéfices et que si ces bénéfices étaient reversés au travailleur, leur salaire serait plus en plus respectable. Aujourd'hui, la richesse qui est produite en Belgique, elle est produite par les travailleurs et aujourd'hui notamment dans le commerce, un certain nombre d'enseignes font des bénéfices importants. Et si ces bénéfices étaient reversés aux travailleurs? On a déjà fait des calculs. C'est de l'ordre de 7.000 €  par an qui pourraient revenir au travailleur si on divise le bénéfice par le nombre de travailleurs qui ont créé cette richesse".

"Chez Colruyt, en fait, vous commencez pour un caissier à 2.250€, plus ou moins, brut évidemment. Alors que le salaire moyen brut est de 3.500. Donc on voit qu'on est nettement en dessous et donc ça fait plus ou moins 15€ de l'heure, ce qui est totalement insuffisant, notamment par rapport à la pénibilité du travail".

2. Les autorités peuvent-elles pousser un chômeur à accepter une offre d'emploi?

Philippe Defeyt:

"La législation du chômage peut obliger un chômeur à accepter un job à temps partiel avec des petits salaires, ce qui fait qu'effectivement il ne gagne pas beaucoup plus que s'il était resté au chômage. Mais c'est parce qu'on l'a obligé à accepter un job mal payé. Il faut réfléchir en termes de niveau de vie. C'est quoi le niveau de vie? C'est à la fois le revenu qui tombe sur mon compte en banque, mais aussi les avantages dont je bénéficie. Récemment, le principal de ces avantages, c'était le bénéfice ici du tarif social pour le gaz et l'électricité. Et c'est ici totalement paradoxal de constater que les ministres Open VLD ont insisté pour supprimer cet avantage pour ceux qui vont travailler. Donc on dénonce une situation et en même temps, on prend une décision qui renforce ce qu'on dénonce. Je ne parviens pas à comprendre à quel point on peut être aussi contradictoire entre ce qu'on dit et ce qu'on fait".

 

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  • Il a raison , je connais une femme ( non Belge) arrivée ici il y a 40 ans, n'a jamais bossé un seul jour de sa vie et aujourd'hui elle gagne mieux que moi et effectivement avec des beaux avantages, loyer social à 140e/mois, tarif social pour l'énergie, remboursement de ses médicaments à 75% etc...

  • Cela m'étonne pas il y a dès gros fenians et des profiteurs du système

  • Un écolo et une déléguée syndicale donnent leurs avis. Ils ont tout compté : Au CPAS : 24/24 congé, transports gratuits, tarifs sociaux multiples, . . . Au travail : 12/24 congé, tout payant, . . .

  • Bref, il faut absolument rehausser les bas salaires.

  • Les patrons actionnaires prennent des risques en investissant. Ce risque est trop souvent fustigé. On le considère comme de la speculation. Le capital perdu lors d'une faillite n'est pas déductible fiscalement par exemple

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