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"Avant de rencontrer mon psychologue, j'étais vraiment en état de survie": la santé mentale des personnes âgées souvent oubliée

La santé mentale et le vieillissement, c’est le thème d’un colloque qui se tient ce jeudi 22 février à Liège. Colloque qui fait l’objet d’une visite de la reine Mathilde. Pour certains intervenants, la santé mentale des personnes âgées est souvent sous-estimée. Et l’accès aux soins est insuffisant.

Il y a sept mois, Monique a eu un grave accident de voiture. Elle se rendait aux soins intensifs pour rejoindre son mari, décédé quelques jours plus tard. Soudainement, Monique était devenue veuve, avec les vertèbres cassées. "Ça fait beaucoup de changements dans la vie, j'ai perdu beaucoup d'autonomie…", raconte-elle à l'équipe de RTL info.

Pour l'accompagner dans cette période difficile, une psychologue spécialisée dans l'aide aux personnes âgées se rend régulièrement à son domicile. "Ça me permet de dire ce que je n'ose pas dire à ma famille pour ne pas leur faire de la peine", confie Monique, la gorge nouée. "C'est bien que ça soit une personne extérieure, on voit bien que c'est leur métier. Je pleure parfois quand elle est là, mais quand elle part, ça va toujours mieux."

Des chiffres de consultation très bas

Seulement 5% des plus de 65 ans ont accès à des consultations psychologiques ou psychiatriques. Après 75 ans, ce chiffre tombe à 1%.
Les personnes âgées sont plus souvent victimes de dépression et les psychologues s'inquiètent de certaines idées reçues. "On peut se dire que c'est normal que la personne âgée soit triste parce qu'elle vit des choses compliquées, et qu'il n'y a rien à faire", constate Laurence Lemauvais. "Mais si, il y a à faire, justement." 

Pour la psychologue, les médecins traitants devraient être sensibilisés à la cause plutôt que "de donner un psychotrope pour soulager la personne qui est un petit peu triste". "Il y a autre chose à faire." 

Simone, 92 ans, est résidente en maison de repos. Ce sont les inondations de 2021 qui ont précipité son arrivée dans l'établissement. "Naturellement j'ai beaucoup pleuré, mais j'ai eu beaucoup d'aide ici. J'ai été bien accueillie." Le psychologue de la maison de repos, Gilles Squellard, l'a "beaucoup aidée". "C'était un cadeau qu'on m'a fait de le faire venir, j'étais vraiment en état de survie…"

Peu de formations

La santé mentale des plus âgés demande des compétences particulières. Pour Gilles, trop peu de personnes sont formées. "Un médecin qui souhaiterait se spécialiser en psycho-gériatrie doit aller se former en France, en Suisse ou au Canada", explique l'expert. "À Liège, on a la chance d'avoir un service de psychologie du vieillissement mais dans les autres facultés de Wallonie, il n'y a pas de spécialisation possible."

Face à des souffrances ignorées, nos aînés en arrivent parfois à penser au suicide. Après 65 ans, ils sont plus fréquents et sont la 9ème cause de décès.

Selon la psychologue Laurence Lemauvais, l'une des solutions pour aider les personnes âgées serait de faciliter l’accès aux soins appropriés. "La disponibilité géographique des services et les problèmes de mobilité liés à l’âge sont également des facteurs limitant. Actuellement, il existe peu (ou pas) d’incitant à ce que les professionnels de la santé mentale (psychologues, psychiatres,…) se déplacent sur le lieu de vie de la personne", conclut-elle. 

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