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"Ça maintient en forme": à 81 ans, Willy est le SEUL médecin encore en activité à Lobbes

Il manque de médecins généralistes à Bruxelles et en Wallonie. Plus de la moitié des communes sont considérées comme en pénurie. En Wallonie, 1 généraliste sur 5 est obligé de refuser des patients. Et ça ne risque pas de s’améliorer. On estime que d’ici 10 ans, 1 médecin sur 3 va arrêter ses activités. Les jeunes travaillent aussi différemment que l’ancienne génération. Plus question de consacrer sa vie entière à la médecine. Rencontre avec deux générations de généraliste très différentes : Willy, 81 ans, et Nabila et Leyla, 27 et 28 ans.

Le docteur Willy André ouvre la porte de son cabinet tous les matins.  A 81 ans, sa passion pour la médecine reste intacte. Il reçoit encore jusqu’à 60 patients par semaine. 

Médecin depuis 1967

"Je suis médecin depuis 1967, ça fait 56 ans… ça maintient en forme", lance-t-il  dans un sourire. 

A Lobbes, commune de 5.500 habitants, Willy André est le seul médecin encore en activité… Alors même si son cabinet donne l’impression d’un retour dans le temps, la pénurie de médecins rend son activité encore indispensable. Dans les dix prochaines années, un praticien sur trois fermera son cabinet.

La médecin Leyla Yarol est donc une perle rare. A peine sortie des études, elle vient de s’installer à Colfontaine dans le Borinage. Avec Nabila Henini, sa collègue de promotion, elles ont ouvert un tout nouveau centre en octobre dernier. C’est une preuve qu’il manque de généralistes, leur agenda s’est rempli en quelques mois.
Elles devront bientôt refuser des patients.

Refuser des patients pour assurer une bonne prise en charge 

"On commence à essayer de stopper, parce que sinon on ne peut plus se permettre de voir les patients qui sont déjà chez nous et ce n’est pas l’idée, parce que sinon ils n’ont pas une bonne prise en charge", souligne Nabila Henini.

L’installation des deux jeunes diplômées est une bénédiction pour les habitants de la province. Dans le Hainaut, un médecin sur 4 refuse tout nouveau patient. L’équilibre est difficile à trouver pour Nabilla au vu des besoins : entre apporter son aide et respecter ce qui l’a fait choisir la médecine.

"C’est le contact avec les patients, être un peu un membre à part entière de chaque famille, c’est vraiment plutôt le côté social qui m’a boostée. C’est pour ça notamment qu’avoir trop de patients, ce ne serait pas possible de réaliser ce contact que je trouve franchement important", précise la médecin. 

Je ne voudrais pas passer toute ma vie à ne faire que travailler

En Région Wallonne, 137 communes sont considérées en pénurie. C’est plus de la moitié.
A Lobbes, si le docteur André continue… c’est aussi pour ses patients, notamment Alice, 77 ans. Elle est tombée sur sa tête et son épaule. "Normalement, il ne peut pas arrêter. On va lui dire", dit-elle en riant. "Vous voyez, ils me l’interdisent", répond-il.

Si aujourd’hui le rythme a diminué, le docteur André travaillait près de 70 heures par semaine. Des horaires et une pression que n’acceptent plus la jeune génération. Tout juste installée à Colfontaine, Leyla souhaite garder une vie privée., travailler maximum 40 heures par semaine, et ne plus travailler après 18h. "Avant le médecin avait tendance à tout donner pour son boulot et un petit peu laisser sa vie de famille de côté. Maintenant, la médecine a évolué, l’organisation a évolué, je ne voudrais pas passer toute ma vie à ne faire que travailler", dit-elle. 

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