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"C’est beaucoup trop tôt": le printemps est en avance, quels risques cela comporte pour notre biodiversité?

Le printemps arrive plus tôt que prévu cette année. En cause ? Une légère hausse des températures, précisément 1,77 degré au-dessus de la moyenne de saison. Ce réchauffement, qui peut paraître anodin, entraîne des conséquences sur l’ensemble de notre écosystème…

Les bourgeons pointent le bout de leurs nez, l’air s’adoucit, les oiseaux chantent… Dans 11 jours, le printemps débutera officiellement. Mais pour les observateurs aguerris, les premiers signes sont déjà présents. La nature se réveille doucement de son hibernation hivernale et depuis quelques années, un constat se confirme : cet éveil se produit de plus en plus tôt avec des conséquences pour la biodiversité.

Il fait tellement chaud

Chez Simon, pépiniériste, c’est la période la plus chargée de l’année. Le printemps arrive et les citoyens commencent à penser à leurs jardins. Cette année, le rempotage a démarré quinze jours plus tôt que d’habitude : "ça reste quand même toujours des jeunes plantes, donc il faut être sûr qu’elles ne s'abîment pas trop avec le gel. Mais ici, il fait tellement chaud, tellement bon qu’on a déjà commencé à sortir des plantes de serre. On est en train de rempoter des plantes qu’on aurait jamais rempotées à cette période-ci il y a quelques années".

Face au changement climatique, ce pépiniériste tente de cultiver de nouvelles plantes, comme cette sauge qu’on rencontre généralement plus au sud et qui n’a finalement pas survécu à l’hiver. Les certitudes du passé sont devenues des incertitudes du présent. "Aujourd’hui, on avance à tâtons", explique Simon De Witte. "On essaye, on retire beaucoup plus que ce qu’on faisait avant. On peut plus se dire à 100% "On prend cette expérience comme une vérité"".

L’incertitude touche aussi José Artus et ses abeilles. Cet apiculteur, qui a installé ses ruches à Ferrières depuis plusieurs années, observe l’impact climatique sur ses petites bêtes. Aujourd’hui, elles ont tendance à sortir plus tôt, ce qui les met en danger. "On accuse les chocs thermiques de 20 degrés. Un être vivant tel que celui-là ne peut pas l’encaisser comme ça. Ces chocs thermiques, il n’y en avait pas y a cinq ans", explique-t-il ainsi.

Les espèces n'ont pas le temps de s'adapter

Outre ses abeilles, José voit son saule fleurir toujours plus tôt : "Cet arbre était en fleur vers le 10-15 avril. Maintenant il est en fleur depuis le premier mars. Il y a six semaines de décalage, c’est beaucoup trop tôt".

C’est toute la biodiversité qui est impactée. Et pour certaines de nos espèces locales, les conditions climatiques ne sont déjà plus adaptées. "Ça change si vite que les espèces n’ont pas le temps de s’adapter ou n’ont pas le temps d’adapter leurs zones géographiques et de migrer. Dans la plupart des cas, elles vont juste disparaître, ce qui signifie un déclin de la biodiversité", affirme Marie Baeckelandt, experte en biodiversité.

Les orvets ont besoin de chaleur pour sortir et cette année, les températures plus douces les ont éveillés trop tôt. Thibaut Thyrion est garde-forestier. Il s’inquiète du fait que ces espèces ne trouvent pas forcément de nourriture : "Le problème, c’est qu’ils sortent en fonction de la chaleur et pas de ce qui est disponible. Il va donc dépenser son énergie à chercher quelque chose qu’il ne va peut-être pas trouver, et ça c’est dangereux". 

Ça peut changer la composition de nos forêts

Ces changements de températures peuvent être à l’origine d’une modification de tout l’écosystème et provoquer un déséquilibre. "Certaines espèces vont prendre le pas sur d’autres et donc ça peut complètement changer la composition de nos forêts à l’avenir, en fonction de ce changement climatique et de ce printemps", souligne Marie Baeckelandt.

Ce printemps précoce tourmente notre biodiversité : des plantes des pépiniéristes aux abeilles des apiculteurs, en passant par les occupants des bois des garde-forestiers…Et les certitudes des experts.

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Commentaires

3 commentaires

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  • La production sera un peu en avance et on pourrait avoir plusieurs récoltes. Au pire, nous allons devoir changer de type de cultures. Par contre, personne ne s'inquiète de l'influence néfaste du changement d'heure chez les humains.

    roger rabbit
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  • Ah oui, l'hibernation hivernale en hivers.....

    Marc-Yves Pallemans
     Répondre
  • c'est pas nouveau, c'est pas la première fois !!!!! une année j'ai même gardé toutes mes annuelles pour l'année suivante et même plusieurs fois je pense.......

    Ray G
     Répondre