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"Chaque nom compte": la caserne Dossin recherche les visages et les identités des déportés de la Belgique vers Auschwitz

De 1942 à 1944, plus de 25 000 personnes ont été déportées depuis la caserne Dossin à Malines jusqu’au camp de concentration d’Auschwitz. La caserne abrite aujourd’hui un musée, un mémorial, mais aussi un centre de recherches. Son objectif : récupérer les photos de toutes les victimes du nazisme.

Un mur de regards et de sourires à l'entrée du musée de la caserne Dossin. Un mur de photos qui s’étend sur trois étages. En tout, 25 843 personnes déportées depuis la caserne Dossin. Seules 1405 sont revenues du camp d’Auschwitz.


Michel Fischler a perdu ses grands-parents et ses cinq oncles et tantes lors de l’extermination nazie. Son père, seulement, a survécu.
Il a retrouvé les portraits de sa famille avec l'aide de Veerle Vanden Daelen, l’historienne du musée.

Michel connaît bien les lieux mais l'émotion est toujoours aussi forte quand il y vient. "Même avec l'âge et en racontant ces souvenirs depuis longtemps, ça me prend encore quand je vois un mur pareil, surtout parce qu'il y a des personnes de la famille…", confie-t-il. "Ma grand-mère et des petits enfants n'ont même pas été tatoués pour le travail, ils ont été menés directement aux chambres à gaz. Ils ont été gazés et brûlés." 


Dans le musée, le mur est un monument, et il n’est pas figé. "Il y a encore des photos qui manquent, il y a des silhouettes qui indiquent que c'était un enfant, une femme, un homme…", montre Veerle Vanden Daelen, historienne et conservatrice de la Caserne. "On continue à rechercher ces photos."  4890 visages n’ont pas été retrouvés pour l’instant.

Rendre leur humanité aux victimes


“Chaque nom compte” est l'opération du musée lancée depuis octobre. Les familles des déportés et les visiteurs sont invités à enregistrer le nom d’une des victimes. "Ce qu'ils ont essayé de faire dans les camps de concentration, c'est déshumaniser les gens, leur donner un numéro, un chiffre tatoué sur le bras", rappelle Michel. Une déshumanisation sur laquelle penche la Caserne afin de rendre leurs nom mais aussi leur visage aux victimes.


Une petite équipe de chercheurs, d’historiens et d’archivistes travaille sur le projet. Ils enquêtent pour pouvoir récupérer les photos des personnes déportées. Dans les boîtes d’archives, des cartes postales, des lettres, des papiers d’identité ou des photos de famille. Il faut recouper les informations. "Les familles de déportés se trouvent un peu partout dans le monde, donc il n'y a pas une seule archive clé pour toutes ces sources, il faut vraiment coopérer et partager ces données." 


Les chercheurs consultent les archives nationales, mais aussi le registre des juifs qui était obligatoire à l’époque, ou encore les documents de la police des étrangers. Ce sont aussi des particuliers qui transmettent des photos. "Parfois c'est les voisins, parfois ce sont les personnes qui ont essayé de sauver les gens…" 

Pour participer à ce travail de mémoire, rendez vous sur le site kazernedossin.eu

Retrouvez également le Grand Format: retrouvez le visage des déportés sur RTL Play

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