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"Dans la seconde, le coup est venu": Françoise nous raconte comment elle a miraculeusement échappé à un féminicide

Françoise Van Gansen est une miraculée, il n'y a pas d'autre mot. Cette habitante d'Antoing était l'invitée de C'est pas tous les jours dimanche pour évoquer le sujet des violences faites aux femmes, alors que les victimes continuent de dénoncer les harcèlements de rue, les violences sexuelles et intrafamiliales.

L'histoire de Françoise est absolument glaçante. Pendant 27 ans, elle a vécu sous l'emprise de son mari, qu'elle a finalement quitté. Elle a vécu l'enfer, chez elle, mais pas seulement. "Après 27 ans de galère, j'ai connu toutes les violences, verbales, psychologiques, matérielles, sociales, professionnelles...", raconte la victime. "Tout ce que je possédais était cassé dans des crises de colère, au début mêlée à l'alcool, à la fin, sans plus aucune raison, si ce n'est l'envie de faire mal".

Rabaissée, isolée complètement de son entourage, elle devait tout consacrer à son ex-mari violent. "Mon seul centre d'intérêt, ça devait être lui", confirme-t-elle. Elle a d'ailleurs dû délaisser ses enfants, qu'elle ne pouvait pas vraiment considérer sans que son compagnon ne s'emporte. "Je ne pouvais plus m'en occuper, mon ex-mari n'était alors plus le seul centre d'intérêt et c'est ça qu'il voulait, avoir une emprise totale sur ma vie", raconte Françoise, encore très émue. 

Cette emprise a impacté toute sa vie. Quand elle sortait, elle devait rendre des comptes. "Quand j'allais faire les courses, c'était chronométré. Si dans la demi-heure, je n'étais pas rentrée, soit je trouvais porte close soit je rentrais, on ne me disait rien, mais les coups suivaient. Plus question de travailler, parce que travail veut dire hommes. Ce qui veut dire éventuellement trouver quelqu'un d'autre. C'était inutile de penser à travailler. Dans les magasins, c'était éviter les rayons où il y avait des hommes, éviter les caisses où il y avait des hommes, ne pas parler aux hommes", témoigne-t-elle.

Tout a basculé le 10 décembre 2022. Ce jour-là, son ex-mari fait le geste de trop, celui qui va aider Françoise à enfin se libérer de ce poids si lourd. C'est sa fille qui lui a littéralement sauvé la vie. "Il a eu la parole un peu trop but vis-à-vis de ma fille", nous précise Françoise. "Sous l'emprise de l'alcool, il lui a dit "quand maman, elle rentre, tu lui fais un gros câlin, parce que demain, elle rentre les pieds devant". Ma fille m'a attendue devant le travail, elle m'a dit "tu fais ce que tu veux, mais à ta place, je ne rentrerais pas". Cette petite phrase a été le déclic, parce qu'enfin, on me donnait le choix de faire ce que j'avais envie et j'ai dit à ma fille, on ne rentre pas", a-t-elle ensuite détaillé.

Françoise et sa fille ont alors vécu dans un centre d'hébergement pendant 3 semaines. Elles étaient accompagnées, dans une maison qui s'occupe des violences intrafamiliales, avant d'avoir un appartement de transit. L'ex mari violent avait alors perdu leur trace, ce qui offrait un répit aux victimes. Mais cela n'a pas duré longtemps. "Quand j'ai fait le changement de domicile pour moi et ma fille, n'étant pas divorcée, la maison communale était dans l'obligation de lui dire où était sa fille mineure", confirme Françoise.

Désireuse de le quitter proprement, Françoise avait maintenu des liens avec son ancien compagnon, qu'elle voyait dans des lieux publics, notamment des cafés. Mais il a fini par l'accueillir chez lui, ce qui aurait pu lui coûter la vie. "Il était déjà chez moi depuis une demi-heure. J'ai dit une phrase maladroite, je lui ai dit que ça faisait un an que je n'avais plus de sentiment et que c'était bel et bien fini. Il a demandé pour aller aux toilettes, il est revenu avec un sourire amical, a contourné la table pour aller derrière moi et, dans la seconde, il a pris ma gorge, la strangulation et le premier coup est venu".

La scène est d'une rare violence, Françoise reçoit 5 coups de couteau avant de s'enfuir chez une voisine. C'est là le dernier épisode de cette série de violences, qui se sont arrêtées, fort heureusement, depuis cette tentative de féminicide. Un enfer, quotidien, qui aurait pu lui coûter la vie. 

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