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Une jeune femme belgo-américaine dit avoir été droguée à son insu dans un bar de la capitale avant d’être agressée dans les sous-sols d'un night shop. Son témoignage a été relayé par le compte Instagram Balance ton bar et fait écho aux témoignages dans les lieux de fête, quand la parole s’est libérée, il y a 2 ans.
Un soir de février, Margot, 22 ans, boit un verre avec son frère et une amie. Vers minuit, les deux femmes se retrouvent seules. Des hommes leur offrent à boire, elle témoigne : "Nous avons été droguées. J’en suis presque sûre. Je n’avais jamais ressenti ça. Je n’ai jamais perdu connaissance à cause de l’alcool. Je me suis évanouie par épisodes, cette nuit-là. C’était étrange...".
C’est le blackout. Notre témoin dit avoir perdu le fil de sa vie et avoir repris un peu ses esprits dans un sous-sol, celui d’un night shop. Elle se souvient d’un t-shirt levé, son corps dénudé : "Je savais que j’étais, pas violée, mais au moins agressée sexuellement. J’ai dit non et il continuait à enlever mon dessus et essayait de m'embrasser", nous raconte-t-elle.
Le retour de la page Balance ton bar
En parler lui permet d’avancer. C’est aussi pour cela qu’elle a témoigné sur la page Instagram Balance ton bar. Il s'agit d'un espace créé par Maïté Meeus pour partager les signalements dans les lieux de fête: "C'est toujours le même schéma qui se répète. Très peu de choses sont mises en place dans les bars et les établissements de nuit. Elle a été droguée de la même manière que plusieurs femmes ont été droguées", déplore-t-elle.
Ce que je voulais véritablement, c'est pouvoir offrir un espace 'safe' aux personnes ayant vécu des violences dans le milieu de la nuit
En 2021, un scandale éclate : un serveur est impliqué. S’en suivent des marches et une prise de conscience collective. "Je ne m'imaginais pas que ça allait prendre une telle ampleur et je pense que ce que je voulais véritablement, c'est pouvoir offrir un espace 'safe' aux personnes ayant vécu des violences dans le milieu de la nuit. Un espace qui leur permettrait peut-être de se reconstruire un peu à travers le fait de pouvoir raconter leur récit et de pouvoir être accueillis dans un espace 'safe'", nous explique Maïté Meeus.
Que sont les Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) ?
Margot, ce soir-là, a réussi à prendre la fuite, sans savoir où aller. Pourtant, il existe 10 Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS). Tous les services sont en un seul lieu, de l’examen medico légal au dépôt de plainte. En 7 ans, 11.737 victimes s’y sont présentées. Une sur 3 est mineure. "On peut imaginer qu'avec toute la thématique de Balance ton bar, des victimes assez jeunes aient été conscientisées et informées par l'existence des CPVS", commente Véronique De Baets, responsable du département Communication à l'Institut pour l'égalité des Hommes et des Femmes. "C'est vrai que c'est un public qui est particulièrement vulnérable, mais les violences sexuelles, ça touche toutes les classes d'âge", ajoute-t-elle.
On sait bien qu'un certain nombre de drogues, de produits, disparaissent très rapidement du sang
90% des victimes sont des femmes. Quand il y a eu soumission chimique, la prise en charge est adaptée : "Le plus rapidement possible, après l'agression, puisqu'on sait bien qu'un certain nombre de drogues, de produits, disparaissent très rapidement du sang et des échantillons", rappelle Véronique de Baets.
Seules 4% des personnes ayant subi une forme de violence sexuelle portent plainte. Avec ces centres, six victimes sur dix déposent plainte. Margot l’a fait, mais vit dans l’insécurité et dans l’incertitude depuis cette nuit-là.


















