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La pénurie d'enseignants se fait fortement sentir en région verviétoise: dans cette école, les élèves n'ont plus eu cours de maths depuis... 3 mois

Certains élèves n'ont plus eu de cours de maths depuis 3 mois à l'institut Sainte-Claire de Verviers. Une situation qui est la même dans de nombreux établissements. C'est une conséquence concrète de la pénurie d'enseignants. Pour le cas qui nous occupe, le directeur n'a reçu aucune candidature. 

10h30 ce vendredi, le cours d’histoire a commencé. Les élèves étaient assis, concentrés, face à leur professeur. Une habitude qu’ils ont presque perdue ces dernières semaines. Depuis janvier, plusieurs enseignants sont absents. Faute de remplaçants, les heures de cours se font de plus en plus rares.

"On venait souvent pour 2-3 heures de cours par jour. On a carrément dû annuler des jours de cours, car on n’avait qu’une heure", nous dit une élève.

"De notre côté, on essaie d’être le plus possible à l’école, et ne pas décrocher", ajoute un autre élève.

Emeric est enseignant dans l’établissement depuis 9 ans. Dans la salle des profs, la pénurie est bien réelle. 

"Le matin quand on regarde la liste des absents, on voit que des profs qui sont là depuis longtemps, ne sont pas là. Et on voit qu’il n’y a pas de remplaçants", confie-t-il.

Le directeur explique pourtant avoir tout essayé. Des annonces sur les différents sites de recrutement et même sur les réseaux sociaux, mais sans succès. 

"Force est de constater que, notamment, dans les mathématiques, dans le cycle inférieur, nous n’avons eu aucune proposition depuis la mi-janvier", indique Bernard Gerard.

Caroline Désir, ministre de l’Education francophone, était l’invitée du 7h50 sur Bel RTL, il y a quelques jours. Elle assure que la Fédération Wallonie-Bruxelles met tout en œuvre pour pallier à la pénurie. "On va lancer, après les vacances, une grande campagne de promotion du métier d’enseignant avec un focus notamment sur les professeurs de langues pour recruter un maximum. On travaille aussi sur les conditions d’accueil des jeunes enseignants, des enseignants de seconde carrière, dans le métier", a déclaré la ministre.

A l’institut Saint-Claire, on espère une fin d’année plus sereine. A six semaines des examens, jusqu’à un tiers du programme n’a pas été enseigné dans certains cours.

Comment expliquer cette pénurie? 

Dans le RTL INFO 13H, Etienne Michel, secrétaire général du Segec (Secrétariat de l'enseignement catholique), a expliqué la pénurie d'enseignants observée actuellement.

"Il faut distinguer la pénurie conjoncturelle et la pénurie structurelle. J’entends par pénurie conjoncturelle, les absences. La pénurie liée à des situations saisonnières, des épidémies de grippe, les maladies liées à la saison de l’hiver. Sur ce sujet-là, on est dans une année plutôt favorable. De ce point de vue là, la pénurie est un peu moins grave que les autres années", souligne-t-il.

"Concernant la pénurie structurelle, celle à laquelle on est constamment confrontée, on est en difficulté pour trouver des professeurs de langue, de pratiques professionnelles, et des professeurs pour des cours techniques dans l’enseignement qualifiant. Il y a des problèmes récurrents pour le recrutement de profs de maths et de profs de sciences, mais aussi de profs de religion. Tout cela est le reflet d’une situation assez permanente depuis plusieurs années. La situation est plus préoccupante dans les écoles à indice économique faible, dans les écoles qui scolarisent un public plus défavorisé."

Quelles sont les perspectives ?  Est-ce que la tendance va s’inverser ? 

"Il faut se saisir de la question, d’autant plus qu’elle a une dimension structurelle. Il faudrait penser à trois types de disposition. Tout d’abord, essayer de continuer à assouplir la législation relative aux titres requis pour pouvoir enseigner. Les dispositions sont d’une complexité beaucoup trop grande et constituent un frein au recrutement des enseignants. Le deuxième point est qu’il faudrait essayer de favoriser la mobilité entre le secteur de l’enseignement et d’autres secteurs d’activité. Aujourd’hui, la carrière des enseignants se construit trop souvent comme si l’enseignant devait rentrer en début de carrière dans l’enseignement et faire toute sa carrière dans l’enseignement. Ce n’est plus comme ça que les carrières se conçoivent. Il faudrait permettre une mobilité entre les différents secteurs d’activité. Le troisième point serait d’inciter les enseignants qui le souhaiterait à prolonger leur carrière un peu plus longtemps."

 

 

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