Un quart des magasins Delhaize intégrés, 43, restent fermés. Le mouvement a débuté il y a quasiment un mois et la direction s'inquiète de voir des supermarchés fermés avant le week-end de Pâques. Elle essaye donc de remettre les employés au travail.
Il y avait par exemple ce jeudi matin trois camionnettes de police devant le Delhaize d’Hornu dans le Hainaut. "Ils sont repartis, mais l’objectif était très clair, nous mettre la pression", a indiqué l’un des grévistes. "Tous les magasins Delhaize du Hainaut sont fermés depuis un mois maintenant et nous allons tenir bon", a confié une syndicaliste.
Nous sommes plus déterminés que jamais
Depuis quelques jours, les grévistes n’ont plus accès aux toilettes dans les magasins. La direction leur a également retiré les chaises et les bancs. Des huissiers et des policiers font le tour des piquets de grève. "Ils mettent le paquet pour nous faire craquer", explique une employée : "Mais, nous sommes au contraire plus déterminés que jamais."
Devant le Delhaize d’Uccle, les grévistes se sont même fait livrer des toilettes aujourd’hui. Objectif : "Faire plier Goliath", disent-ils, "au moins jusqu’au 18 avril". C’est la date de la réunion de conciliation.
"On a dû cotiser : on en a eu pour 124 euros pour le mois, et on s'est cotisé tous ensemble pour pouvoir avoir des toilettes. Parce que ce n'est pas en nous empêchant d'aller aux toilettes qu'on va arrêter notre grève. On est fort et on reste tous ensemble", indique Virginie Van Campenhout, employée chez Delhaize.
Mercredi soir, ils ont bloqué le dépôt de Zellik, pour empêcher les livraisons dans les magasins avant le week-end de Pâques... Week-end qui entraîne habituellement des retombées économiques très importantes pour leur employeur.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police est intervenue pour laisser passer 8 camions. L’opération de blocage a pris fin à 5 h du matin. "On était vraiment sur une intervention musclée des forces de l'ordre pour empêcher au dépôt d'Asse que les travailleurs puissent bloquer le dépot. Il n'y a pas besoin d'amener la police pour que nous soyons 'sage'. Je pense que nous sommes assez responsables pour mener ces combats-là en respectant les uns et autres", déplore Fabrice Eeklaer, secrétaire fédéral CSC Charleroi Sambre et Meuse.
Les bourgmestres de communes sollicités
Les syndicats demandent aujourd'hui l'aide des communes à travers une lettre envoyée aux bourgmestres du Hainaut et de Liège. "Nous avons demandé deux types de soutien : un soutien sur le fond du dossier puisqu'on est vraiment sur une attitude scandaleuse du patronat chez Delhaize. Et d'autre part, un soutien très concret qui est de ne pas envoyer les forces de l'ordre avec les huissiers, de ne pas être des briseurs de grève", poursuit le secrétaire fédéral CSC Charleroi Sambre et Meuse.
Pour le bourgmestre de Lessines, par exemple, la demande des syndicats est difficilement applicable. "Je soutiens évidemment le mouvement de grève des travailleurs de Delhaize. Cela étant, je crois qu'il faut rester raisonnable et se rendre compte quand même que lorsqu'un huissier de justice est en charge d'exécuter une décision de justice, il a le droit, bien entendu, de faire appel aux forces de l'ordre", explique Pascal de Handschutter, bourgmestre de Lessines.
Dans le Hainaut, la décision d'intervention de la police relève du tribunal de Mons. Elle n'entre plus dans les compétences communales.
Le SETCa dépose plainte
Le Setca dépose plainte auprès de l'Auditorat du travail de Bruxelles pour non-respect de la loi Renault. Le syndicat socialiste estime qu'il y a eu des manquements au niveau de l'information et de la consultation des travailleurs, qui sont pourtant des obligations dans la procédure de licenciement collectif. "Le plan a été présenté comme un fait accompli. Les représentants des travailleurs n'obtiennent pas toutes les informations nécessaires pour mener une bonne concertation. Plainte a donc été déposée auprès de l'auditorat du travail de Bruxelles", indique le syndicat dans un communiqué.

On parle de cabine donc pas de raccord