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"Mon retour en Belgique n'était pas prévu": Salah Abdeslam assure qu'il ne devait pas participer aux attentats du 22 mars 2016

Salah Abdeslam n'est pas revenu de Paris, où il aurait dû se faire exploser le 13 novembre 2015, à Bruxelles pour participer aux attentats du 22 mars 2016. C'est ce qu'il a soutenu jeudi, lors de l'interrogatoire croisé des accusés, devant la cour d'assises chargée de juger les attaques survenues à Zaventem et à la station de métro Maelbeek. "Mon retour en Belgique n'était pas prévu. J'avais quelque chose à faire là-bas, je ne devais pas revenir", a expliqué l'accusé français.  

Il y a quelques semaines, son avocate, Me Delphine Paci, avait déjà indiqué à la cour que son client devait se faire exploser dans un café - et non au stade de France - le soir du 13 novembre 2015. Sa ceinture explosive était cependant défectueuse.  

"J'ai surpris tout le monde quand je suis revenu ici. Ça en a choqué plus d'un. Dans l'imprévu, il fallait prendre une décision et on a accepté de me cacher. C'est dans ce contexte-là que je suis parti rejoindre la cellule de Paris", a exposé Salah Abdeslam, insistant bien sur le fait qu'il ne s'agissait pas de la cellule terroriste de Bruxelles.  

L'accusé est donc allé se réfugier dans une planque de l'avenue Henri Bergé, à Schaerbeek. "Je ne savais pas quoi faire, c'était le seul refuge que je pouvais trouver", a-t-il dit, affirmant être alors dans un état de choc, exténué, fatigué et perdu. Salah Abdeslam venait de perdre son frère, Brahim, l'un des kamikazes des attaques à Paris.  

Par la suite, l'homme passera également par une planque de l'avenue de l'Exposition à Jette, puis par un appartement de la rue du Dries, à Forest. C'est là que surviendra une fusillade le 15 mars 2016, lors de laquelle il s'enfuit avec son co-accusé Sofien Ayari. Tous deux se cachent ensuite dans une cave d'une maison de la rue des Quatre Vents, à Molenbeek, jusqu'à leur arrestation le 18 mars.  

Lorsque la présidente a ensuite demandé s'il y avait des tensions au sein du groupe et si c'était la raison pour laquelle un appartement avait été loué rue Max Roos, à Schaerbeek, le Français a raconté qu'il n'était jamais impliqué dans les décisions, et qu'il restait toujours dans sa chambre lorsque les frères El Bakraoui venaient rue du Dries et qu'ils y discutaient.  

L'accusé a affirmé ne pas connaître les adresses de la cellule terroriste de la rue Max Roos et de l'avenue des Casernes à Etterbeek. Sa fuite après la fusillade prouve, selon lui, qu'il ne connaissait pas ces planques et qu'il ne pouvait pas contacter qui que ce soit, puisque Sofien Ayari et lui vont se réfugier chez son cousin.  

"Je ne reviens pas pour participer à quoi que ce soit et participer au 22 mars", a assuré le Français, avant de déplorer une nouvelle fois avoir l'impression d'être à nouveau jugé pour des faits déjà jugés à Paris. "C’est un jeu pervers, on juge deux fois les mêmes faits alors que la loi l’interdit", a-t-il dit ce jeudi.

"Quelqu'un sait-il pourquoi la planque de la rue du Dries a été louée ?", avait demandé quelques minutes plus tôt la présidente Laurence Massart à toutes les personnes présentes dans le box des accusés. Personne n'ayant répondu, la présidente s'était tournée vers Salah Abdeslam. "Je ne sais pas", a dit l'intéressé.

Quelques mots qu'ont d'ailleurs souvent répété, depuis le début de leur interrogatoire, les accusés, qui ne se souviennent pas de beaucoup de détails, les faits remontants à sept ans.  

"J'ai un peu perdu le fil. Je ne comprends pas comment la période infractionnelle a été divisée. Pourquoi deux ou trois périodes ? Aurais-je droit à trois procès ? J'ai été condamné à Paris", a rappelé Salah Abdeslam.  

La présidente lui a répondu que c'était la chambre des mises en accusation qui avait déterminé la période infractionnelle, qui court du 1er décembre 2015 à l'arrestation des différents accusés, courant 2016. "Pourquoi cela ? Je n'en sais rien. Défendez-vous, répondez aux questions, on vous entendra", a suggéré Laurence Massart.  

Plus tôt dans le procès, le parquet avait expliqué que la date du 1er décembre correspond au début de la location de l'appartement de la rue du Dries.   L'accusé a confié pouvoir imaginer que le jury le condamnerait pour participation aux activités d'un groupe terroriste s'il apprenait qu'il se trouvait dans toutes les planques. "Mais on ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits. Par un jeu pervers, en jouant avec les lois et en divisant la période infractionnelle, cela arrive", a conclu Salah Abdeslam.

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