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Le gouvernement brésilien a annoncé la fermeture de la moitié des postes de police dite "pacificatrice" dans les favelas de Rio de Janeiro, confirmant le déclin de ce projet qui avait suscité de nombreux espoirs d'endiguer la violence, avant de montrer ses limites.
La mesure annoncée vendredi dans la soirée prévoit la fermeture prochaine de 12 des 38 Unités de Police Pacificatrice (UPP) et la fusion de sept autres avec des unités voisines.
Avec les UPP, créées en 2008, les autorités voulaient miser sur la police de proximité pour occuper des territoires considérés comme des zones de non-droit, souvent dominés par des narcotrafiquants.
Le projet concernait surtout les favelas situées à proximité des quartiers touristiques, dans la perspective du Mondial -2014 et des jeux Olympiques de 2016.
Au début, les chiffres de la violence ont baissé dans ces zones, mais à partir de 2013 de nombreuses accusations de bavures policières et de corruption dans les UPP ont commencé à miner la crédibilité de ce programme.
D'après un rapport de la police militaire elle-même, les autorités ont "perdu le contrôle" de la plupart des favelas, ces quartiers populaires où vit près d'un quart des habitants de Rio, la plupart dans des conditions insalubres, leur vie rythmée par les fusillades au quotidien.
"Personne ne voulait fermer les UPP. Mais ces unités remplissaient-elles leurs objectifs? Soyons réalistes, ce n'était pas le cas", a affirmé vendredi le ministre de la Sécurité publique, Raul Jungmann.
Selon lui, la fermeture d'UPP permettra de redéployer des agents afin d'augmenter les patrouilles dans la rue.
Le gouvernement n'a pas précisé quels postes seraient fermés, mais la presse locale évoque des unités situées dans des favelas emblématiques comme celle de la Rocinha, la plus grande de Rio, en proie à de nombreuses fusillades depuis septembre, ou la Cité de Dieu, qui a inspiré le film du même nom.
Le problème de la violence à Rio est aggravé par la grave crise financière de cet Etat au bord de la faillite, les fonctionnaires étant payés en retard depuis de nombreux mois, y compris les policiers.
Face à cette situation, le président conservateur Michel Temer a décidé par décret fin février de confier à l'armée le commandement des forces de sécurité.
Une mesure extrême fortement critiquée par des organisations de défense des droits de l'homme, qui craignent des dérapages de la part des militaires.