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Brexit: l'UE et Londres se défient avant d'âpres négociations

L'UE et Londres ont montré leurs muscles mardi à moins d'une semaine du début des négociations sur leur future relation commerciale post-Brexit, qui s'annoncent particulièrement difficiles.

"Nous ne conclurons pas cet accord à n'importe quel prix", a prévenu le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Les 27 pays de l'Union ont donné leur feu vert mardi à son mandat de négociation. Londres a fait de même mardi pour son négociateur, David Frost.

Les deux équipes doivent entrer lundi prochain à Bruxelles dans le vif du sujet pour un premier round de discussions de quatre jours, suivi quelques semaines plus tard d'un deuxième à Londres et ainsi de suite pendant plusieurs mois.

"C'est une négociation exigeante, complexe, difficile, peut-être même très difficile, qui doit pour réussir se faire dans la confiance", a déclaré M. Barnier.

Or, moins d'un mois après le départ des Britanniques de l'Union, le ton ne cesse de se durcir entre les deux parties.

Londres et l'UE ont dix mois pour s'entendre sur un nouveau traité, un délai relativement court étant donné la complexité de la tâche. Pendant toute cette période de transition qui prendra fin le 31 décembre, le Royaume-Uni continuera d'appliquer les règles européennes.

"Il faut trouver la confiance mutuelle. Pour le moment elle n'est pas réunie", a constaté la secrétaire d'Etat française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin.

- Confiance à établir -

Les Européens sont ouverts à un large partenariat, comprenant un accord commercial sans quotas ni droits de douane. Mais ils se sont montrés exigeants - sous la pression de la France - sur les contreparties réclamées.

Craignant plus que tout la concurrence déloyale d'un Royaume-Uni à leur porte, ils exigent qu'il continue de respecter certaines règles de l'UE sur le long terme, en particulier en matière d'aides d'Etat, d'environnement, de droit du travail et de fiscalité.

Cette exigence, inédite dans un accord de libre-échange, s'explique aussi par la forte intégration économique de Londres avec le continent qui est le premier marché des Britanniques.

Mais le Royaume-Uni ne l'entend pas de cette oreille. Mardi, il a fermement affiché ses positions dans une série de tweets publiés par le 10 Downing Street.

"L'UE a respecté l'indépendance d'autres grandes économies dans le monde, tels le Canada et le Japon quand elle a signé des accords de libre échange avec eux. Nous voulons juste la même chose", a-t-il dit, sous-entendant que les demandes de l'UE étaient difficilement acceptables.

M. Barnier a promis de continuer la négociation avec les Britanniques "avec respect, sans participer à aucune polémique", faisant allusion aux propos récents du secrétaire d'Etat à l'Irlande du Nord, Brandon Lewis.

Ce dernier a affirmé qu'il n'y aurait pas de frontière en mer d'Irlande entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne.

M. Barnier a déclaré qu'il "serait très heureux de le rencontrer quand il le voudra (...). Il doit lire l'accord de retrait pour qu'il comprenne les engagements pris".

Et de rappeler que l'accord "préserve l'intégrité du territoire douanier britannique et y inclut l'Irlande du Nord, le contrôle dont nous avons besoin pour protéger le marché intérieur, les consommateurs et les entreprises, et l'absence de frontière dure sur l'île d'Irlande".

- Le contrôle des eaux -

Autres sujets de discorde, la future place des services financiers britanniques dans l'UE ou encore la question ultra-sensible de la pêche.

"Le Royaume-Uni n'a pas voté deux fois pour reprendre le contrôle de ses eaux pour ensuite y renoncer à nouveau", a prévenu mardi le porte-parole du gouvernement britannique.

"Nous sommes prêts à discuter de qui pêche dans nos eaux, mais le fait est que nous les contrôlerons et que nous serons déterminés à le faire", a-t-il ajouté.

Le mandat des Européens insiste pourtant sur le fait que le futur accord devra "maintenir un accès réciproque" aux eaux territoriales des deux zones.

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