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Chiraquien pugnace et figure de la droite parisienne, le député LR Claude Goasguen est décédé d'un arrêt cardiaque jeudi matin à l'âge de 75 ans, alors qu'il se "rétablissait" du coronavirus, a annoncé sa famille à l'AFP.
Après trois semaines en réanimation à cause du Covid-19, l'ancien ministre et maire du XVIe arrondissement de Paris "allait mieux" et "remarchait". Mais des complications cardiaques ont entraîné son décès à 9H00 à l'hôpital Corentin-Celton d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).
"Claude Goasguen était un homme engagé, qui n'a eu de cesse de donner corps aux idées de la droite et s'est investi avec cœur et conviction dans la lutte contre l'antisémitisme et dans la défense des chrétiens d'Orient", a souligné sa famille dans un communiqué.
"Atteint par le Covid-19 dès la mi-mars, il avait survécu à 22 jours de réanimation et se rétablissait progressivement au sein d'un service médical de réadaptation", ajoutent ses proches.
Le président de la République a salué, dans un communiqué "une grande voix politique qui manquera au débat républicain", "une haute figure de la politique parisienne et de la droite républicaine".
Habile débatteur, volontiers caustique, Claude Goasguen siégeait pratiquement sans discontinuer à l'Assemblée nationale depuis 1993. Il fut aussi un éphémère ministre de la Réforme de l'Etat dans le premier gouvernement d'Alain Juppé en 1995.
Très ému au Palais Bourbon lors du décès de Jacques Chirac en septembre, il avait salué "un modèle", qui lui avait "tout appris de la politique".
Sur Twitter, l'ancien président Nicolas Sarkozy a rendu hommage à un homme "entier", qui "aimait le terrain et la proximité" et a "dédié sa vie à son engagement".
A droite, de nombreuses voix, dont le président du parti LR Christian Jacob, ont salué un homme au "verbe haut", au fort tempérament, un "polémiste" plein de "panache".
- "Fracas" et "panache" -
"Claude était un merveilleux ami d'Israël, qui a courageusement combattu l'antisionisme", a réagi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.
Il y avait du "Cyrano" en lui, il "n'aimait rien tant que le fracas des batailles", l'a décrit sur Twitter son collègue député Guillaume Larrivé.
Le patron du MoDem François Bayrou a aussi rendu hommage à un "ami depuis nos vingt ans".
Marine Le Pen a évoqué la mémoire d'un "parlementaire respecté et expérimenté", dans un tweet.
Le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a décrit "un rude adversaire" à l'"urbanité courtoise en privé" et à l'"exquise culture contre-révolutionnaire. (....) Il me manquera comme interlocuteur".
Selon un ami proche, "il y avait toujours une dimension affective dans ses décisions" et "il avait la réputation d'être un séducteur".
Libéral assumé, successivement UDF, puis Démocratie libérale (Alain Madelin), Claude Goasguen avait été membre du conseil des fondateurs de l'UMP en 2002.
Conseiller de Paris à partir de 1983, il fut maire du XVIe arrondissement de la capitale de 2008 à 2017, avant de choisir son mandat de député en raison de l'interdiction du cumul des mandats.
Il était devenu en novembre le conseiller politique de Rachida Dati dans la campagne municipale parisienne, après avoir entretenu des relations tendues avec la candidate LR, qui s'est déclarée jeudi "bouleversée". Il avait auparavant prôné une alliance entre son parti et LREM dans l'objectif de "battre Anne Hidalgo", la maire socialiste.
En 2016, il se fit le porte-voix de l'opposition virulente de certains habitants du très chic XVIe arrondissement parisien à l'installation d'un centre pour SDF en lisière du bois de Boulogne. Il avait comparé le projet à "Sangatte", en référence à l'ancien centre pour migrants de Calais, avant de donner un an plus tard son aval à l'ouverture d'un deuxième centre.
"Nous étions rarement d'accord", mais "j'aimais sa forte personnalité, son franc-parler, son humour ravageur", a témoigné la maire socialiste de Paris.
Né le 12 mars 1945 à Toulon, il fut dans sa jeunesse partisan de l'Algérie française et du candidat d’extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour à la présidentielle de 1965. Il présida aussi la Corpo d'Assas, syndicat étudiant proche d'Occident, mais avait démenti toute appartenance à ce mouvement politique d'extrême droite, contrairement à Gérard Longuet, Alain Madelin ou Patrick Devedjian.
Avocat de profession, chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur et de l'ordre national du mérite, M. Goasguen était marié et père de deux enfants.