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La Chine poursuit son offensive de charme commerciale en annonçant de nouvelles baisses de droits de douane sur plusieurs gammes de produits, au moment où Washington menace à nouveau de frapper les exportations de Pékin.
Vêtements, chaussures, cosmétiques, électroménager, poissons: à compter du 1er juillet, les droits de douane de la Chine seront réduits de moitié ou des trois quarts sur une série d'importations, a annoncé Pékin mercredi soir.
Un geste qui fait suite à l'annonce la semaine dernière d'une réduction de 25% à 15% des droits de douane sur les automobiles importées, également à compter du 1er juillet.
Autant d'offres qui semblent répondre à la nouvelle offensive de l'administration Trump, qui a remis sur la table mardi la menace de droits de douane de 25% sur des produits chinois, à hauteur de 50 milliards de dollars d'importations annuelles.
Alors que les deux pays avaient annoncé un armistice courant mai dans leur différend commercial, Pékin a dénoncé mercredi une "volte face" de Washington, mais le régime communiste semblait s'efforcer jeudi de calmer le jeu.
"Nous ne souhaitons pas une escalade des frictions commerciales", a assuré devant la presse le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng, alors que le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, est attendu à Pékin samedi pour trois jours de discussions.
Une délégation américaine d'une cinquantaine de membres est déjà arrivée mercredi dans la capitale chinoise pour préparer les négociations, a indiqué M. Gao.
- "Attirer" les investissements -
Donald Trump, qui avait fait du commerce chinois l'une des cibles de sa campagne électorale, exige de Pékin qu'il réduise de 200 milliards de dollars par son excédent vis-à-vis des Etats-Unis.
Le président américain dénonce aussi les obstacles aux investissements étrangers en Chine, notamment les transferts de technologie imposés.
La Maison Blanche annoncé mardi que des restrictions sur les investissements chinois aux Etats-Unis et des contrôles accrus des exportations américaines vers la Chine seraient dévoilés d'ici le 30 juin.
En réaction, le ministère chinois du Commerce a accusé Washington de s'écarter des principes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Pékin "évaluera attentivement les mesures américaines ainsi que leur impact et se réserve le droit de prendre des mesures similaires", a averti le porte-parole Gao Feng.
Cherchant à donner des gages de bonne volonté, le gouvernement chinois a annoncé parallèlement son intention de concrétiser "promptement" son engagement à réduire ou supprimer les restrictions encadrant les investissements étrangers dans des secteurs comme l'automobile, la construction navale ou l'aéronautique.
Une "liste négative", qui recense les secteurs auxquels les investisseurs étrangers ne peuvent pas librement accéder, sera "révisée" et publiée d'ici juillet.
"Nous devons préserver le statut de la Chine comme destination majeure d'investissements étrangers (...) Nous devons placer la barre plus haut pour les attirer", a assuré le Premier ministre Li Keqiang, cité jeudi par l'agence Chine nouvelle.
"Aucun transfert forcé de technologies ne sera plus jamais imposé à des entreprises étrangères et les infractions au respect de la propriété intellectuelle seront sanctionnées avec toute la force de la loi", a promis M. Li.
- Impact "gérable" -
Dans un rapport publié jeudi, la Banque mondiale juge "gérable" pour Pékin l'impact d'éventuelles sanctions commerciales américaines qui porteraient sur 50 milliards de dollars d'exportations.
Selon la Banque mondiale, ces sanctions frapperaient des produits représentant 11,5% des exportations chinoises aux Etats-Unis et 2,2% des exportations totales de la Chine l'an dernier.
"Le coût direct pour l'économie chinoise représenterait environ 0,2% du produit intérieur brut", selon la Banque.
L'impact de restrictions sur les investissements chinois aux Etats-Unis ou américains en Chine, pour limiter les transferts de technologie, pourrait s'avérer "significatif" pour l'économie chinoise, note en revanche l'institution de Washington, qui note que les investissements chinois outre-Pacifique sont largement concentrés dans le secteur des hautes technologies.