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Contestation de crime contre l'humanité: le parquet demande la condamnation d'Eric Zemmour

Le parquet général a demandé jeudi d'infirmer le jugement de première instance, qui avait relaxé Eric Zemmour jugé pour contestation de crime contre l'humanité et a demandé sa condamnation.

Le président de la cour d'appel a mis la décision en délibéré à l'issue du second tour de l'élection présidentielle.

L'avocat général a réclamé une peine de 100 jours-amendes à 100 euros, soit une peine de 10.000 euros d'amende qui peut se transformer en emprisonnement en cas de non-paiement.

Le polémiste d'extrême droite et candidat à l’élection présidentielle était jugé en appel pour contestation de crime contre l'humanité, après avoir soutenu en 2019 que le maréchal Philippe Pétain avait "sauvé" les juifs français.

Le procès s'est déroulé sans la présence d'Eric Zemmour ni de son avocat.

Ce dernier, Me Olivier Pardo, qui avait demandé le renvoi du procès, n'a pas été suivi par la cour. Il a aussitôt quitté la salle d'audience dénonçant une décision "inique".

"Dans ces conditions, j'ai décidé que je ne suis pas en état d'assurer la défense" d'Eric Zemmour, a-t-il dit.

"Je trouve anormal que des candidats à la présidentielle soient jugés en pleine campagne. Les juges ont déjà volé l’élection à François Fillon (ndlr: en 2017) et aux électeurs de droite. Ils veulent recommencer", a réagi de son côté M. Zemmour sur son compte twitter.

"Nous nous réjouissons que la cour n'ait pas fait droit à la demande de renvoi, dans la mesure où les propos qui sont tenus par Eric Zemmour sont des propos qui sont ignominieux et que M. Zemmour a tout loisir de se défendre devant la cour puisque la sérénité des débats n'est en rien remise en cause", s'est félicité au contraire Dominique Sopo, président de SOS Racisme, une des association partie civile au procès.

- "Un justiciable comme un autre" -

Me Pardo demandait que le procès en appel de son client soit renvoyé après le second tour de la présidentielle pour "des raisons de sérénité". "Les débats d'opinion doivent avoir lieu dans l'arène politique, ils ne doivent pas occuper le prétoire", a-t-il soutenu.

"Il s’agit d’un traitement discriminatoire qui paraît à la défense de M. Eric Zemmour inacceptable et qui nourrit le soupçon d’une justice politique", a-t-il insisté.

Les avocats des parties civiles ont de leur côté dénoncé "une manœuvre" de la défense d'Eric Zemmour pour éviter d'être jugé.

"Je suis candidat et +so what?+. Candidat ou pas, M. Zemmour reste un justiciable comme un autre", a dit Me Alain Jakubowicz, l'avocat et ancien président de la Licra, autre partie civile aux côtés notamment du Mrap ou de l'Union des étudiants juifs (UEJF).

"La cour ne doit pas avoir de scrupules à juger cette affaire. Il n'y a pas de preuves que Pétain a sauvé des Juifs français", a soutenu Jean-Louis Lagarde, avocat du Mrap.

Ce nouveau rendez-vous judiciaire intervient trois jours après la condamnation d'Eric Zemmour pour provocation à la haine par le tribunal de Paris, pour sa sortie sur les mineurs migrants isolés. Il a aussitôt fait appel.

Dans l'affaire des propos sur Pétain "sauveur" des Juifs, l'ex-chroniqueur vedette de CNews avait été relaxé en février 2021, le tribunal estimant qu'ils avaient été prononcés "à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie".

Le tribunal avait néanmoins reconnu que ses mots contenaient "la négation de la participation (de Pétain) à la politique d'extermination des juifs menée par le régime nazi".

Les propos avaient été tenus en 2019 lors d'un débat sur CNews face au philosophe Bernard-Henri Lévy.

"Un jour, dans une autre émission, vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les Juifs français. C'est une monstruosité, c’est du révisionnisme", s'était emporté "BHL". "C'est encore une fois le réel, je suis désolé", avait répondu le polémiste.

A l'audience en première instance en décembre 2020, Eric Zemmour s'était défendu de toute contestation de crimes contre l'humanité et avait estimé que le débat sur le rôle de Vichy envers les citoyens juifs français devait être tranché par les historiens et non par la justice.

aje/pga/npk

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