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Face au feu nourri des questions de députés, le Premier ministre français Edouard Philippe s'est livré mercredi soir à un nouvel exercice de pédagogie sur la crise du coronavirus, annonçant au passage que le déconfinement ne se ferait probablement pas "en une fois, partout et pour tout le monde". "Nous ne savons pas tout", a dit d'emblée le Premier ministre devant la mission d'information de l'Assemblée en visioconférence, ajoutant que l'exécutif devait prendre des décisions dans cette crise "sans précédent" avec des informations "parfois incomplètes et souvent contradictoires".
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Le président et rapporteur général de cette mission Richard Ferrand (LREM), avait averti auparavant qu'il fallait veiller "à ne pas entraver l'action de l'exécutif dans cette phase de crise". "Le temps des éventuelles remises en cause, légitimes, viendra, mais une fois le plus fort de la crise derrière nous", a ajouté M. Ferrand, face à Edouard Philippe et au ministre de la Santé Olivier Véran dans une salle du Palais Bourbon.
Déconfinement progressif
Les quelque 40 membres de la mission et présidents de groupes politiques étaient en multiplex - format inédit - souvent de leur domicile... mais avec cravate. "L'exercice (du contrôle) est indispensable", a soutenu le chef du gouvernement qui s'y est plié trois heures et vingt minutes.
A Richard Ferrand qui l'interrogeait sur l'avenir, Edouard Philippe a répondu qu'il était "probable" que le "déconfinement" en France ne se fasse pas "en une fois et pour tout le monde" mais sans doute par régions, voire par classes d'âge. Mais le déconfinement sera "lié à la capacité de faire des tests", a rebondi le patron des députés LR Damien Abad, demandant "comment rattraper le retard" français sur l'Allemagne. "Je suis toujours très prudent quand je compare les chiffres", lui a rétorqué le Premier ministre, s'interrogeant sur la réalité de la fréquence des tests allemands et s'attirant les protestations de LR en retour.
Pas de "défiance"
M. Abad a vanté une droite "responsable, active et déterminée", à l'instar des autres responsables d'opposition qui n'ont pas tiré à boulets rouges sur la gestion gouvernementale mais ont posé des questions sur la "pénurie de masques", de "médicaments", les besoins des hôpitaux et maisons de retraite, et encore les difficultés des entreprises.
"Quels moyens de protection" pour les "salariés qui travaillent", s'est inquiété Jean-Luc Mélenchon, chef de file des insoumis, quand Pierre Dharréville (PCF) demandait la nationalisation de Famar (fabriquant de chloroquine) et Luxfer (bouteilles à oxygène médical). "Comment la Nation corrigera ses erreurs à l'égard de l'hôpital et des soignants", a questionné David Habib (PS).
La France a commandé "plus d'un milliard et demi de masques en France et à l'étranger", a indiqué Olivier Véran. "Nous avons de quoi tenir durablement" en médicaments mais "devons faire attention à la ressource", a souligné pour sa part le Premier ministre. Les députés sont parfois restés sur leur faim, tel Adrien Quatennens (LFI) qui a déploré sur Twitter l'absence de réponse sur nationalisations ou réquisitions alors que "c’est pragmatique", pas "idéologique".
a mission au large champ aura rendez-vous chaque mercredi ou jeudi par visioconférence, avec dès la semaine prochaine l'audition de la garde des Sceaux et du ministre de l'Intérieur.