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Course contre le temps et le froid en Turquie et en Syrie: une fillette retrouvée sous des décombres après plus de 20h de terreur

La course contre la montre et le froid s'est poursuivie toute la nuit en Turquie et dans le nord de la Syrie pour extirper des survivants des violents séismes qui ont ravagé la région lundi. Dans la zone frontalière turco-syrienne, 243 secousses ont été recensées, a déclaré ce mardi le service gouvernemental turc pour la gestion des catastrophes et des situations d'urgence (Afad).

Le bilan pour la Turquie s'est alourdi ce mardi à 3.381 morts, selon l'Afad. Dans le même temps, pas moins de 15.834 personnes ont été blessées. D'après le ministère de la Santé publique et l'organisation humanitaire des Casques blancs en Syrie, au moins 1.440 personnes sont mortes tandis qu'il y a eu plus de 3.500 blessés. Cela porte à plus de 4.800 le nombre total de morts en Turquie et en Syrie.  

Une enfant de sept ans sortie des ruines

Ces bilans sont encore provisoires. De nombreuses personnes sont toujours portées disparues. Les recherches se sont poursuivies dans la nuit de lundi à mardi sous la pluie et la neige, qui tombent abondamment par endroits ainsi que des températures en chute libre qui rendent les opérations encore plus compliquées.

Les secours se sont acharnés, parfois à mains nues, pour sauver chaque vie qui pouvait l'être, comme cette enfant de sept ans sortie des ruines à Hatay en Turquie, à la frontière syrienne, après plus de 20 heures de terreur, le pyjama maculé de poussière. "Où est ma maman?", a-t-elle dit au secouriste qui la tenait dans les bras. En Syrie, Ahmed, un enfant déplacé, a été extrait par la défense civile syrienne des décombres de sa maison dans la ville de Qatma, au nord d'Alep. 

Le mauvais temps qui plane sur l'Anatolie complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés.

Premières aides internationales 

L'aide internationale à la Turquie doit commencer à arriver ce mardi avec les premières équipes de secouristes, de France et du Qatar notamment. Le président américain Joe Biden a promis à son homologue Recep Tayyip Erdogan "toute l'aide nécessaire, quelle qu'elle soit".

Les Français envisageaient de se rendre en particulier à Kahramanmaras, épicentre du premier séisme, région difficile d'accès et profondément meurtrie ensevelie sous la neige.
Deux détachements américains de 79 secouristes chacun se préparaient lundi à se rendre sur place, selon la Maison Blanche.  
Selon le président turc, 45 pays ont proposé leur aide.

En revanche en Syrie, l'appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, promettant des équipes de secours "dans les prochaines heures", alors que selon l'armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours. 

L'ONU a également réagi, mais en insistant que l'aide fournie irait "à tous les Syriens sur tout le territoire", dont une partie n'est pas sous le contrôle du gouvernement. Dans ces zones tenues par les rebelles, frontalières de la Turquie au nord-ouest de la Syrie, au moins 700 morts ont été dénombrés.

Profitant du chaos créé par le tremblement de terre, une vingtaine de combattants présumés du groupe Etat islamique (EI) se sont évadés d'une prison militaire à Rajo, contrôlée par des rebelles pro-turcs.

Près de cinq mille immeubles effondrés

Les bilans de part et d'autre de la frontière n'ont cessé de s'alourdir et compte tenu de l'amplitude des dégâts ils devraient augmenter au fur et à mesure des recherches. 
Rien qu'en Turquie, les autorités ont dénombré près de cinq mille immeubles effondrés. Et la chute radicale des températures fait courir un risque supplémentaire d'hypothermie aux blessés, coincés dans les ruines.

L'Organisation mondiale de la santé a dit elle-même s'attendre au pire et redouter "des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux".

Dans la journée de lundi, pas moins de 185 répliques ont été enregistrées, consécutives aux deux premières secousses: l'une de 7,8 survenue en pleine nuit (04h17 locales), l'autre, de magnitude 7,5, à la mi-journée, les deux dans le sud-est de la Turquie.

Plusieurs répliques ont été enregistrées dans la nuit, mardi avant l'aube. La plus forte, de magnitude 5,5, a été enregistrée à 6H13 locales (3H13 GMT) à 9 km au sud-est de Gölbasi (sud).

Qui n'a pas peur ? Tout le monde a peur !

Des dortoirs ont été ouverts par les autorités locales dans les gymnases ou les collèges ou même dans les mosquées afin d'héberger les rescapés. Mais par crainte de nouveaux séismes, nombre d'habitants ont préféré passer la nuit dehors, comme à Sanliurfa, dans le sud-est turc. "Qui n'a pas peur ? Tout le monde a peur !", assurait Mustafa Koyuncu, 55 ans, entassé avec sa femme et ses cinq enfants dans la voiture familiale.

"Apocalypse" 

Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul. Le chef de l'Etat turc a décrété un deuil national de sept jours et la fermeture des écoles pour la semaine.

Partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris. A Hama, en Syrie, les secouristes et civils extraient à la main, aidés d'engins lourds, les corps des victimes sous les décombres, dont celui un enfant, a constaté l'AFP. 

A Jandairis (nord-ouest), un homme, effondré, pleure la mort de son fils, un tout petit garçon emmitouflé dans un anorak, qu'il serre dans ses bras."Ya Allah, Ya Allah" (mon Dieu), sanglote l'homme en baisant le front de son fils. 

Plus de quarante habitations se sont effondrées comme un château de cartes dans cette localité frontalière de la Turquie."Toute ma famille est sous les décombres. Mes fils, ma fille, mon gendre, il n'y a personne pour les retirer", souffle un autre homme, Ali Battal, des traces de sang sur le visage.


 

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  • En mai 2003 j’ai subi un tremblement de terre en Algérie; je n’ai pas été blessé, je n’ai subi aucun dégât matériel mais j’ai vécu intensément ces heures et jours partagés avec des personnes qui elles avaient perdu des membres de leur famille et / ou subi des dégâts très importants. Des moments que je ne pourrai jamais oublier et qui font que je partage la douleur et les difficultés des victimes.

    Christian DELVENNE
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