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"Au début elle se couchait à côté de moi et elle ne me calculait pas", lâche en riant Fanny Dos Santos, étudiante non-voyante. Trois ans plus tard, il ne serait pourtant pas envisageable de la séparer de sa chienne guide, y compris sur les bancs de l'université.
Car June, 5 ans, est plus qu'un simple animal de compagnie: elle accompagne Fanny dans tous ses déplacements. Une grande responsabilité mise à l'honneur dimanche à l'occasion de la Fête des chiens guides au cours de laquelle les écoles chargées de leur formation ouvrent leurs portes.
Fanny Dos Santos, étudiante en psychologie de 20 ans, malvoyante de naissance, ne voyait que de l'oeil gauche. Mais un décollement de rétine survenu à l'âge de 13 ans lui ôte la vue. "Selon ma fatigue, j'arrive parfois à distinguer certaines ombres", explique-t-elle.
Mais ce n'est pas suffisant pour lui permettre de se déplacer sereinement. Alors après trois années passées à marcher avec une canne, Fanny a voulu faire l'acquisition d'un chien. Difficile lorsqu'on a moins de 18 ans car seule la Fondation Frédéric Gaillanne délivre des chiens guides aux mineurs.
D'autant qu'à l'origine, la mère de Fanny n'était pas partante. "Elle ne voulait pas de gros chien parce que ça met des poils partout...". Finalement, la jeune fille parvient à convaincre sa mère et accède aux stages de préparation proposés par la fondation à l'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse).
Ceux-ci s'avèrent concluants, ce qui lui permet d'accéder au stage de remise de trois semaines, à l'issue duquel elle est assurée de se voir attribuer un chien. "En général, ils ne se trompent pas car ils se basent sur notre vitesse de marche, sur notre caractère, sur ce que l'on fait dans la vie", explique l'étudiante.
- "Câlins en permanence" -
C'est à ce moment que June, une femelle labrador noire, entre dans sa vie. Malgré des débuts peu chaleureux, June ne lui prêtant pas grande attention, Fanny comprend rapidement que sa chienne a simplement besoin de temps pour se sentir en confiance. "Maintenant, c'est même trop !", s'exclame-t-elle. "Elle me réclame des câlins en permanence, même quand je suis en cours elle me donne des coups de nez !"
June occupe désormais une place essentielle dans le quotidien de Fanny, qui confie qu'elle ne se serait sans doute pas installée seule en résidence universitaire sans elle. Capable de lui indiquer les passages piétons ou les escaliers en s'immobilisant devant, de lui désigner les poignées de portes ou des sièges libres mais aussi de mémoriser des trajets récurrents, cet animal lui a également permis de vaincre sa timidité pour demander son chemin.
Sa chienne la suit ainsi jusque dans les salles de cours et les amphithéâtres de l'université. "Elle est tranquille en général, elle se couche à côté de moi", assure Fanny qui se souvient toutefois d'un partiel au cours duquel June "s'est levée et est allée voir le prof qui s'est occupé d'elle".
Une bienveillance qu'elle n'a pas toujours retrouvée auprès des étudiants. "J'ai déjà entendu des élèves dire +Elle n'a pas besoin d'un chien+ ou "Les chiens sont interdits+..."
- Un peu de pédagogie -
Pourtant les chiens guides d'aveugles ne sont interdits nulle part, de même qu'ils sont dispensés du port de la muselière. Refuser l'entrée d'un chien guide dans un lieu ouvert au public est ainsi passible d'une amende allant de 150 à 450 euros.
En septembre 2018, une vidéo fortement relayée montrait un homme malvoyant et son chien se voir refuser l'accès à un Monoprix de Marseille, suscitant l'indignation. Par chance, Fanny et June n'ont jamais été confrontées à une telle situation. "Dans un supermarché, un vigile m'avait dit de ne pas aller dans le rayon des fruits et légumes, mais je n'ai jamais eu de non catégorique". Avec un peu de pédagogie, elle finit généralement par obtenir gain de cause.
Si Fanny se réjouit d'être accompagnée par sa chienne depuis 2016, tous les malvoyants ou non-voyants n'ont pas cette chance. Elle rappelle en effet que "la Fondation Frédéric Gaillanne ne fonctionne qu'avec des dons". Or, le coût d'un chien guide (formation, soins...) avoisine les 25.000 euros. Chaque année, la Fédération française des associations de chiens guides d'aveugles (FFAC) remet gratuitement plus de 200 chiens à des personnes atteintes de déficiences visuelles.