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Les stations d’épuration filtrent l’essentiel de nos eaux usées mais certaines substances passent tout de même à travers les mailles du filet. C’est le cas des médicaments absorbés par la population puis rejetés à l’égout, ils se retrouvent en bout de course dans nos fleuves et rivières.
"Ce que l’on va retrouver de manière majoritaire, c’est par exemple des anti-douleurs à base de paracétamol, des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme les Ibuprofen, des régulateurs de l’humeur, ce que l’on appelle les neuroleptiques", énumère Patrick Kestemont, professeur de biologie à l'Université de Namur.
Des effets étonnants
Durant quatre ans, des chercheurs ont étudié l’impact des médicaments sur la vie aquatique. Si les végétaux sont peu affectés, c’est beaucoup moins vrai dans le cas des poissons. Plongées dans la Meuse, ces truites de laboratoire ont présenté des effets étonnants.
"Des effets au niveau du système nerveux, il y a un peu de réponse de type neurotoxique, des effets au niveau du foie de ces poissons et aussi au niveau de leur système reproducteur. On a par exemple vu que les poissons avaient des concentrations en hormones femelles plus importantes en aval des stations d’épuration qu’en amont", indique le professeur.
Nécessité de sensibiliser le grand public à l’usage des médicaments
Ces truites n’ont séjourné que six semaines dans la Meuse. Alors que dire des poissons qui passent toute leur vie dans nos cours d’eau. L’étude conclut à la nécessité de sensibiliser le grand public à l’usage des médicaments. "Ne pas jeter ses médicaments, les rapporter en pharmacie, c’est vraiment important. Mais il ne faut pas oublier que le médicament quand il est consommé passe par vos urines, il arrive par les égouts à la station d’épuration, ensuite certaines molécules malheureusement ne sont pas épurées et se retrouvent dans le milieu naturel. Donc il faut réfléchir clairement à sa consommation de médicaments", conseille Frédéric Mouchet, coordinateur du Contrat Rivière Haute-Meuse.
L’industrie pharmaceutique peut également jouer un rôle en développant des molécules moins agressives pour l’environnement. Le phénomène n’est pas nouveau mais la technologie permet désormais de détecter des substances qui passaient autrefois inaperçues.