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La guerre fratricide se durcit à l'extrême droite: Eric Zemmour, en terre amie à Cannes samedi, a exhibé sa nouvelle recrue du RN, Gilbert Collard, pour tenter de fragiliser sa rivale à la présidentielle Marine Le Pen, qui minimise. Eurodéputé et avocat de 73 ans, M. Collard participait dans la soirée au meeting du Palais des Victoires, une salle de 4.000 places pleine pour Eric Zemmour, en conclusion de son déplacement dans les Alpes-Maritimes.
Gilbert Collard, qui était relativement marginalisé au RN, a souligné n'avoir "rien contre Marine Le Pen. Je ne dirai jamais rien contre elle", avant de faire l'éloge de son nouveau champion.
Je ne veux pas de kebab dans tous les villages de France !
Eric Zemmour a multiplié les appels à "l'union des droites" entre électeurs du RN et de LR, pour "stopper immigration et assistanat". "Je ne veux pas que Cannes soit à son tour ensauvagée", a lancé le candidat Reconquête!.
Après plusieurs affaires de "squats" fortement médiatisées dans la région, il a aussi dénoncé le "scandale" des "violations de domiciles" et promis "l'expulsion immédiate des squatteurs sans passer par les tribunaux". "Je ne veux pas de kebab dans tous les villages de France !", a-t-il également lâché sous les vivats.
Samedi matin, le candidat a déambulé deux heures durant au marché Forville de Cannes, recevant un accueil favorable. Il était entouré de deux transfuges du RN: l'eurodéputé Jérôme Rivière et l'ancien membre de Génération identitaire Damien Rieu. De sensibilité proche de Marion Maréchal, ils ont en commun d'invoquer "l'union des droites", l'identité catholique de la France, et de juger que Marine Le Pen s'est "ramollie" dans son discours anti-immigration.
"Aigreurs et jalousies"
"Les égos surchauffent et les trahisons baignent dans tous les rubicons des aigreurs et des jalousies puériles", a fustigé sur Twitter Louis Aliot, le maire RN de Perpignan, resté fidèle au camp Le Pen. La candidate aura, elle, l'occasion de réagir dimanche, lors de son passage à l'émission Dimanche en politique sur France 3.
Puis la semaine prochaine, elle se rend à Madrid auprès de partis alliés, pour afficher sa stature internationale. La candidate a déjà annoncé la présence de l'eurodéputé Nicolas Bay en Espagne, en réponse aux rumeurs sur son possible ralliement à Eric Zemmour.
Avant le départ de Gilbert Collard, Marine Le Pen avait minimisé le phénomène jeudi. "Dans les campagnes électorales, il y a toujours quelques vicissitudes", "d'un intérêt inversement proportionnel à l'effet que cela a sur les électeurs", souriait-elle à Fréjus. "La technique du salami consistant à annoncer chaque jour un ralliement je la connais par coeur. Les chiraquiens l'ont connue avec Balladur. (...) Ça a duré beaucoup plus longtemps que ça ne va durer avec Eric Zemmour", ironisait-elle.
A ce stade, la candidate du RN reste au-dessus de M. Zemmour dans les enquêtes d'opinion, qui la placent au coude-à-coude avec la candidate de la droite Valérie Pécresse, souvent autour de 17 ou 18% au premier tour, devant Eric Zemmour (autour de 13%), mais loin derrière Emmanuel Macron (24% à 25%).
Les ralliements d'élus RN chez Zemmour "ça installe une tendance" et Marine Le Pen "semble essoufflée", croit une source proche des deux campagnes.
10.000 euros d'amende pour provocation à la haine
L'ancien polémiste semble en revanche davantage peiner à convaincre des cadres chez les Républicains (LR), hormis l'ancien numéro 2 Guillaume Peltier. "Soyez patients! Février et mars, ça compte plus que janvier", répondait celui-ci bravache vendredi soir.
Eric Zemmour affiche ses ralliés pour tenter de rebondir après une séquence délicate de 8 jours. Ses propos sur "l'obsession de l'inclusion" des enfants handicapés à l'école ont provoqué une bronca.
Il a en outre été condamné lundi à 10.000 euros d'amende pour provocation à la haine, pour des propos tenus en 2020 sur CNews au sujet des mineurs migrants isolés. Il a fait appel.
Certains s'interrogent surtout sur la "recomposition" post 2022 en cas d'échec des deux rivaux d'extrême droite à la présidentielle. Avec en embuscade, Marion Maréchal, qui avait accompagné M. Zemmour à Budapest, mais n'a pas clairement exprimé de préférence entre sa tante Marine Le Pen et l'ancien polémiste.