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En Argentine, les manifestations pleines d'imagination des anti-Macri

Des femmes habillées en Eva Peron, des chorégraphies coordonnées dans plusieurs quartiers de Buenos Aires, des manifestations éclair dans des centres commerciaux: les opposants à une réélection du président argentin de centre-droit Mauricio Macri débordent d'imagination pour faire entendre leur mécontentement.

Vêtues de robe aux tons pastel typiques des années 1930, les cheveux noués en chignon, en une claire évocation de l'actrice et femme politique Eva Peron (1919-1952), figure historique du péronisme, une centaine de femmes ont dansé lundi sur la place du Parlement.

"Pour cette grande Argentine qui ne nous a jamais trahis, le péronisme avec Cristina", ont chanté les participantes, en soutien à l'ex-présidente de gauche Cristina Kirchner (2007-20015), qui se présente à l'élection du 27 octobre au poste de vice-présidente sur le ticket d'Alberto Fernandez, péroniste de centre gauche et grand favori du scrutin.

"Nous les femmes péronistes, nous savons ce que nous voulons et nous lutterons sans peur pour gagner l'élection, Eva Peron ! Eva Peron !", ont-elles scandé.

"Il faut mener des actions qui nous impliquent très fortement, des actions artistiques", explique Maria Teresa Garcia Bravo, professeure d'université de 45 ans, qui s'est transformée ce jour-là en "Evita" (surnom d'Eva Peron) pour protester contre les programme de coupes budgétaires du gouvernement.

L'Argentine, dont l'économie est en récession depuis 2018, est une fois encore frappée de plein fouet par une grave crise économique qui a valu à Mauricio Macri une cinglante deuxième place (32%), loin derrière Alberto Fernandez (47%), à la primaire du 11 août, sorte de baromètre de l'opinion avant l'élection.

Depuis des mois, les manifestations et piquets de grève se sont multipliés dans le pays, paralysant plusieurs provinces, avec des appels au gouvernement pour qu'il jugule l'inflation galopante (30% entre janvier et août), le chômage (10%) et la pauvreté touchant désormais 32% de la population.

- "Sauvons la République" -

La chanson #Sivosquerés (Si tu veux), une "cumbia" (genre musical colombien populaire dans toute l'Amérique latine) qui fustige le chef de l'Etat, fait fureur à Buenos Aires, où elle est jouée à l'occasion de chorégraphies coordonnées organisées simultanément dans divers quartiers de la capitale.

Les manifestants se donnent rendez-vous sur les réseaux sociaux, où sont diffusés des tutoriels pour apprendre à danser sur la chanson au rythme entêtant.

"Je n'arrive pas à payer mon loyer/Je ne sais pas quoi faire, ne sais pas quoi faire/Travailler et travailler toute la journée/En plus le bus a augmenté et je me précarise", dit la chanson du groupe Sudo Marika, né avec l'objectif de "critiquer" M. Macri après sa victoire aux élections de 2015.

Il y a deux semaines, des organisations sociales ont aussi dressé des tentes devant le Parlement pendant 48 heures pour exiger un plan d'urgence alimentaire, approuvé la semaine dernière par les parlementaires.

Des protestataires, qui réclamaient également un tel plan, ont fait irruption dans plusieurs centres commerciaux, dont le très chic Patio Bullrich, dans le quartier de Retiro, pour des manifestations "éclair" qui ont provoqué la surprise chez les touristes.

Dans un contexte économique toujours plus incertain, le gouvernement et l'opposition s'accusent mutuellement de nourrir la panique et d'attiser la crise dans le pays le plus endetté d'Amérique latine, où le peso est en chute libre (- 65% depuis janvier 2018).

Le président Macri, qui a hérité d'un pays marqué par de forts déséquilibres budgétaires, a appelé ses partisans à manifester samedi sous le mot d'ordre "Sísepuede" (Oui, c'est possible), utilisé lors de sa campagne électorale victorieuse de 2015.

Fin août, des milliers de personnes avaient manifesté leur soutien au président sortant dans le centre de Buenos Aires, sous le slogan "Sauvons la République", en référence aux multiples affaires de corruption qui pèsent sur l'ancienne présidente Cristina Kirchner.

"L'élection n'est pas jouée", a tweeté M. Macri en appelant ses partisans à se mobiliser.

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