Accueil Actu

En Russie, journée de deuil et premiers enterrements après l'incendie meurtrier

La Russie observait mercredi une journée de deuil et enterrait les premières victimes de l'incendie d'un centre commercial en Sibérie, trois jours après ce drame qui a fait au moins 64 morts et bouleversé tout le pays.

Cet incendie, dans lequel sont morts 41 enfants, a provoqué des réactions spontanées de compassion dans tout le pays et souvent la colère des Russes, choqués par les violations des mesures de sécurité qui ont abouti à ce que des enfants se retrouvent bloqués dans des salles de cinéma fermées à clé, tandis que le système d'alarme incendie était en panne.

Le dernier bilan donné aux journalistes par le vice-ministre des Situations d'urgence, Vladlen Aksionov, est de 64 morts, une dizaine d'entre eux devant être enterrés à Kemerovo mercredi.

"Il n'y a pas de disparus", a affirmé M. Aksionov alors que le comité d'enquête, instance chargée des grandes affaires criminelles, indiquait mardi soir avoir dressé une liste de 67 disparus.

L'identification des victimes, beaucoup ayant brûlé vif dans un brasier où les températures ont atteint 600°C, est très difficile. Seuls 27 corps ont été identifiés, selon les autorités.

La liste des morts donne une idée du drame: la plus jeune victime était un garçon de deux ans et dix-neuf morts étaient âgés de moins de 10 ans. Une classe de Trechtchevski, un village proche de Kemerovo, a perdu la moitié de ses élèves dans l'incendie.

Elena Vostrikova, 30 ans, ses trois enfants de 7, 5 et 2 ans et sa belle-soeur de 23 ans ont péri dans l'incendie. Les images de son mari Igor Vostrikov, qui a eu des échanges vifs avec le vice-gouverneur de la région Sergueï Tsiviliov, font le tour d'internet en Russie depuis mardi.

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies mercredi pour les funérailles d'une femme de 57 ans, Nadejda Agarkova, et de ses deux petits-enfants de 8 et 10 ans, Konstantin et Maria, morts dans la salle de cinéma.

"C'était nos enfants, nos élèves", a déclaré leur institutrice, Svetlana Sajeva, a la chaîné de télévision NTV à l'extérieur de l'église.

Des dizaines d'élèves ont aussi assisté à une cérémonie en l'honneur de Tatiana Darsalia, une professeur d'anglais qui a sauvé sa fille mais est morte en essayant de sortir d'autres enfants des flammes, selon Ria Novosti.

Sous le choc, plusieurs centaines d'habitants de Kemerovo s'étaient réunis mardi pour exprimer leur douleur et leur colère, certains appelant à la démission des autorités locales. Le gouverneur de la région, Aman Touleïev, mis en cause par les protestataires, s'en est pris à ces "opposants" venus selon lui "faire leur publicité sur le dos de la tragédie".

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a refusé de commenter ces propos. Interrogé sur un limogeage des autorités locales, il a ajouté que "donner un avis précipité sur la question n'est sans doute pas très approprié".

Cinq personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur l'incendie, et la directrice du centre commercial, ainsi qu'un membre d'une société de sécurité, ont été placés en détention provisoire pour deux mois.

- Journée de deuil -

Vladimir Poutine, qui s'était rendu à Kemerovo mardi matin où il a rencontré des blessés et dénoncé des "négligences criminelles", a assuré mercredi lors d'une réunion gouvernementale ne pas souhaiter "changer les règles" car "la loi donne déjà la possibilité de tout faire pour garantir la sécurité".

Dans tout le pays, où les grands espaces commerciaux regroupant magasins, restaurants et espace de loisirs ont poussé ces dernières années, des exercices de sécurité anti-incendie ont été organisés mercredi, selon les agences russes.

Plusieurs journaux sont parus en noir et blanc mercredi, tandis que le tabloïd Komsomolskaïa Pravda a publié en Une et sur sa dernière page une mosaïque de photos des victimes.

"Les autorités ont tardé à annoncé la journée de deuil", a regretté le politologue Abbas Galliamov dans le journal Vedomosti. "Ils ne voulaient probablement pas gâcher l'ambiance positive après l'élection (présidentielle) et espéraient que la tragédie ne serait pas si terrible".

La cause de l'incendie n'est toujours pas connue mais, selon les autorités, un court-circuit est l'explication la plus plausible.

Tous les ans, de nombreuses personnes périssent dans des incendies en Russie, souvent en raison d'une application laxiste des règles de sécurité. Selon les médias russes, cet incendie est l'un des quatre plus meurtriers du pays au cours des 100 dernières années.

À lire aussi

Sélectionné pour vous