Accueil Actu

Incendie meurtrier dans les Pyrénées-Orientales: l'enquête se poursuit

Le petit bourg de Saint-Laurent-de-la-Salanque, dans les Pyrénées-Orientales, est sous le choc de l'incendie qui a ravagé plusieurs immeubles et fait huit morts, dont deux jeunes enfants, les enquêteurs continuant à chercher les causes du drame et n'écartant aucune piste.

"Toutes les thèses sont travaillées pour essayer de comprendre la cause de l'incendie, on ne sait pas si c'était d'origine accidentelle ou humaine", a déclaré le procureur Jean-David Cavaillé mardi soir lors d'une conférence de presse, en mentionnant toutefois des "témoignages, en cours d'analyse, qui permettent d'envisager une piste qui peut être criminelle".

Peu après l'incendie, qui s'est déclaré à 1H29 dans la nuit de dimanche à lundi, le parquet avait ouvert une enquête pour dégradation volontaire par incendie ayant entraîné la mort et des dégradations.

"A cet instant, il m'est impossible de dire si l'explosion a suivi l'incendie ou si l'incendie a suivi l'explosion", a dit M. Cavaillé, pour qui au moins trois ou quatre jours seront nécessaires pour rassembler les éléments permettant d'expliquer ce qui s'est passé.

A la mi-journée mardi, les pompiers ont extrait des décombres, sur un brancard recouvert d'un linceul blanc, le corps de la huitième victime, a constaté un photographe de l'AFP.

La veille, ils avaient sorti sept morts, dont un bébé de quelques mois et un enfant de deux ans.

Le drame a également fait quatre blessés, dont un grave: un homme qui a sauté d'un 2e étage pour échapper aux flammes. Il est hospitalisé à Montpellier. Vingt-huit autres habitants ont été évacués.

- Pas d'autre personne disparue -

Selon divers témoignages, le sinistre s'est déclaré au rez-de-chaussée d'un bloc de trois immeubles, où se trouvaient une épicerie et un local de restauration rapide.

Des voisins ont déclaré à l'AFP connaître les parents des enfants décédés, un couple âgé d'une vingtaine d'années, qui aurait aussi péri.

Interrogé sur l'identité des victimes, le procureur de Perpignan a déclaré ne pas être encore en mesure de les confirmer. Il a néanmoins assuré qu'il n'y avait pas de signalement pour d'autres personnes disparues.

Dans ce bourg de 10.000 habitants, situé à une vingtaine de km de Perpignan, les accès aux rues où se trouvent les bâtiments incendiés ont été fermés, des bâches en plastique noir installées sur de hautes barrières.

Des enquêteurs de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN, police scientifique) ont pris des photos et procédé à des marquages au sol. D'autres interrogeaient les riverains.

Quelque 140 gendarmes ont été déployés, a précisé le commandant adjoint du groupement du groupement de gendarmerie des Pyrénées-Orientales, Manuel Boissière, faisant état d'"un contexte très difficile, puisque des immeubles menacent de s'effondrer à tout moment".

"Nous travaillons en lien étroit avec les enquêteurs. Dès que nous avons la moindre suspicion de retrouver quelque chose, nous arrêtons notre progression et le (leur) signalons pour pouvoir figer les scènes", a ajouté Fabien Vergez, commandant des pompiers.

- Triste Saint-Valentin -

Tout au long de la journée, des habitants ont déposé des bougies et des roses blanches au pied des barrières.

"Je n'aurais jamais pensé vendre des fleurs le jour de la Saint-Valentin pour une telle catastrophe. J'aurais préféré que ces roses soient destinées à un amoureux ou une amoureuse", a confié à l'AFP Sylvain Gourlin, 47 ans, fleuriste dont la boutique est à quelques mètres.

"Le jeune couple et leurs enfants étaient mes clients", a affirmé ce commerçant, les larmes aux yeux.

Dans le café derrière la mairie, les habitués sont choqués. "Je connaissais un petit peu le couple et leurs enfants (...) Ils étaient jeunes, ils tenaient un petit snack (dans un autre quartier, ndlr). C'est tellement malheureux", soupire Laurent Naya, 51 ans, employé d'un supermarché.

Nombre des habitants évacués vers des salles municipales sont en état de choc. Une cellule de soutien psychologique a été mise à leur disposition.

"C'est affolant, on aurait dit la guerre", témoigne Tristan Gubert, employé de mairie de 31 ans, qui a vu un des immeubles "en flamme jusqu'au 2e étage". "On entendait des cris de détresse, des appels au secours (...) Le traumatisme est important", a-t-il ajouté.

Le préfet Etienne Stoskpof a souligné qu'à la suite de cette "catastrophe", "l'urgence est de trouver un hébergement, un logement pour ceux qui n'ont plus accès à leur domicile". Un comité de suivi va centraliser les besoins des victimes.

À lire aussi

Sélectionné pour vous