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Les sabreuses françaises Cécilia Berder, Manon Brunet, Sara Balzer et Charlotte Lembach sont devenues vice-championnes olympiques samedi à Chiba, le fruit d'un long travail de remise à niveau du sabre français, qui offre à la France sa 19e médaille des Jeux de Tokyo.
La tâche s'annonçait très compliquée face à la Russie et ses deux médaillées en individuel: la toute récente médaillée d'or Sofia Pozdniakova, championne du monde en 2018, et sa compatriote Sofia Velikaïa, médaillée d'argent et N.2 mondiale. De fait, la Russie, déjà titrée à Rio-2016, s'est finalement imposée 45 à 41.
"Les Russes, je les connais, j'ai tellement tiré contre elles! Enfin, je dis les Russes, c'est le +ROC+ (Comité olympique russe, NDLR) maintenant. À nous de danser le rock!", avait plaisanté Cécilia Berder en zone mixte avant la finale.
Faute de l'avoir dansé, elles se sont bien battues, et jusqu'à la fin (7-5 au dernier assaut pour Berder).
La même "Céc'" avait confié durant la journée avoir trouvé la rage de vaincre auprès de la porte-drapeau de la délégation française, Clarisse Agbégnénou.
"On est allé (la) voir lors de son titre, et une heure avant qu'elle ne combatte, elle rigolait! Elle est venue nous voir, nous saluer: je n'ai jamais vu un extra-terrestre comme ça, elle m'a inspirée grave en me disant +arrête de te prendre la tête Cécilia+".
- "symbiose" -
En juin, Manon Brunet décrivait ainsi ses coéquipières: "Cécilia, c'est celle qui lâche rien, Charlotte, c'est la stratège et Sara (la remplaçante, entrée en 7e relais dans la finale, NDLR), la nouvelle, elle revient après s'être fait les (ligaments) croisés mais j'ai toute confiance en elle".
"On est quatre filles avec quatre styles différents, on a confiance les unes dans les autres et on sait qu'on peut faire de grandes choses", ajoutait-elle à l'AFP, évoquant une "symbiose" entre elles.
Inspirées, motivées, remontées, les Bleues étaient venues chercher l'or au Makuhari Mess Hall de Chiba.
Un objectif faisable au vu de leur beau parcours pour accéder en finale, en arrachant notamment aux forceps leur qualification face à l'Italie en demi-finale 45 à 39, après un 7e assaut qui a été un véritable cauchemar pour Charlotte "Chachou" Lembach (18-5 concédé à l'Italienne Michela Battiston).
Manon Brunet, médaillée de bronze en individuel lundi, a ensuite remis les pendules à l'heure, pour ouvrir la voie de la finale.
- "valeurs" - be
Cette médaille d'argent est une suite logique pour des Tricolores qui ont collectionné les finales aux Mondiaux depuis quelques années (championnes du monde en 2018 et vice-championnes du monde en 2019).
Cette finale est aussi l'aboutissement d'un travail long de sept années mis en place par Jean-Philippe Daurelle, l'entraîneur national en charge du sabre, quand il prend l'équipe fin 2013 après des Mondiaux-2013 à Budapest complètement ratés.
"On est super fiers de ce qu'elles ont fait, et pour nous, on a gagné. Elles sont surprenantes, elles ont un niveau tel qu'elles m'épatent à chaque fois, elles se sont battues et elles n'ont rien lâché", a-t-il expliqué, insistant sur les "valeurs" de son groupe de tireuses.
Il s'agissait de la première finale olympique pour les Françaises du sabre féminin.
Cette épreuve n'a en effet été introduite qu'à Pékin en 2008 et n'était pas programmée à ceux de Londres en 2012. Seuls deux titres olympiques ont donc été décernés pour l'instant dans cette compétition, à l'Ukraine à Pékin et à la Russie en 2016. C'est dire si celui de Tokyo excitait toutes les convoitises.
Après l'or de l'épéiste Romain Cannone dimanche, le bronze de Brunet lundi et l'argent des filles du fleuret jeudi, cette médaille est la quatrième pour l'escrime française depuis le début des Jeux de Tokyo, une performance d'ores et déjà meilleure qu'à Rio-2016 (trois médailles).
Et il reste encore le fleuret messieurs par équipes dimanche, qui était rentré il y a cinq ans de Rio frustré par la médaille d'argent après avoir longtemps mené contre la Russie.