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Juges, avocats et greffiers mobilisés contre la réforme de la justice

Plusieurs centaines d'avocats, magistrats et greffiers manifestaient jeudi à Paris et ailleurs en France dans le cadre d'une journée de mobilisation contre "les chantiers de la justice", lancés par la garde des Sceaux Nicole Belloubet et dénoncés par les manifestants comme une réforme "purement gestionnaire".

A Paris, sur les marches du palais de justice, les robes noires des avocats et des greffiers se sont mêlées en fin de mâtinée aux robes rouges et hermines des présidents de chambres, avocats généraux et membres de la Cour de cassation, regroupés derrière des banderoles syndicales.

"Combien de siècles faut-il attendre pour un budget ?" ou "Tribunaux d'instance et de proximité, non à leurs suppressions!", ont notamment scandé les manifestants.

Dans la matinée, une centaine de professionnels du monde judiciaire s'étaient déjà réunis à Bobigny (Seine-Saint-Denis), devant le deuxième tribunal de France. D'autres rassemblements ont lieu un peu partout en France.

A Paris, les représentants des organisations mobilisées, comme l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) et le Syndicat des avocats de France (SAF), ont lu un texte pointant le "piteux état" de la justice française et dénonçant la réforme de la garde des Sceaux qui doit être présentée en mars au Conseil d'État avant un passage en conseil des ministres en avril et un vote au parlement avant l'été.

La Chancellerie a lancé cinq "chantiers" de réforme: la transformation numérique, la simplification des procédures pénale et civile, l'organisation territoriale et l'efficacité des peines.

Mais pour les manifestants, cette réforme risque d'éloigner le justiciable, via une refonte de la carte judiciaire et la dématérialisation des procédures, alors qu'il faut selon eux au contraire doter la justice de "véritables moyens".

"Il y a un refus d'avoir une augmentation significative et indispensable du budget, du nombre de fonctionnaires et de l'aide juridictionnelle", a déploré auprès de l'AFP Laurence Blisson, secrétaire générale du SM.

"La nouvelle carte judiciaire va également contribuer à éloigner les contentieux du justiciable", a ajouté la présidente de l'USM, Virgine Duval: "Le gouvernement nous dit qu'il n'y aura pas de fermetures de sites mais cela ne veut pas dire que les juridictions ne seront pas vidées de leur substance". "Si on maintient certaines juridictions avec peu d'activité, cela revient à les fermer", a estimé la bâtonnière Marie-Aimée Peyron.

A Bobigny, les personnels mobilisés ont dénoncé une "vision désolante" de la justice et une "logique toujours gestionnaire".

"La question c'est quelle place on veut donner à l'institution judiciaire dans notre pays", a affirmé le président de la conférence des bâtonniers, Jérôme Gavaudan: "On a le sentiment que cette volonté d'éloigner le citoyen de son juge atteint les principes démocratiques. Le flou des réformes annoncées nous fait craindre des atteintes graves à l'autorité judiciaire".

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