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Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire est venu saluer jeudi au siège du groupe Atos le partenariat noué par le groupe français avec l'américain Google dans l'intelligence artificielle, symbole pour lui de l'attractivité française dans le numérique malgré les frictions avec les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).
"Nous voulons être attractifs, nous voulons faire venir des investisseurs étrangers en France, et notamment des investisseurs américains qui représentent une grande partie des investissements étrangers qui viennent en France ",a déclaré M. Le Maire à la presse à l'issue de sa visite à Bezons (Val d'Oise).
"Mais nous voulons également protéger nos techologies critiques et défendre nos intérêts", a-t-il poursuivi. Ainsi "nous défendons nos intérêts en mettant en place une taxation des géants du numérique juste et efficace, au même niveau que les entreprises françaises", a-t-il indiqué.
Le Parlement a commencé mercredi l'examen du projet de taxe sur les services numériques, surnommée "taxe Gafa", combattue par les intéressés qui dénoncent notamment une double imposition de leur activité, en France et aux Etats-Unis.
Atos a annoncé l'an dernier un partenariat avec Google pour concevoir avec le géant américain des solutions d'intelligence artificielle pour ses clients, s'appuyant sur les outils Google.
Le groupe français doit ouvrir trois "laboratoires" dans le monde pour élaborer ces solutions en commun, dont un au siège d'Atos.
"Les perspectives commerciales sont énormes", a déclaré Thierry Breton, PDG d'Atos, à l'AFP, en marge de l'évènement. "On a déjà un pipeline (de perspectives) de plus d'un milliard d'euros auprès de prospects potentiels", a-t-il dit.
"Beaucoup de clients attendaient d'avoir un opérateur comme nous, qui sommes opérateurs de confiance", pour avoir recours à des solutions Google en matière d'intelligence artificielle et de cloud (informatique dématérialisée), a-t-il dit.
Atos emploie 125.000 personnes dans le monde, avec pour premier marché les Etats-Unis, qui représentent environ un tiers du chiffre d'affaires, a indiqué Thierry Breton.
- "Cloud" souverain -
La France entend aussi défendre sa souveraineté numérique en se dotant de capacités de "cloud" (informatique dématérialisée) souveraines, ne dépendant pas des centres de données de Google et des autres géants américains, a rappelé Bruno Le Maire.
"Nous allons travailler notamment avec Atos sur ce cloud souverain et j'espère qe nous aurons une solution technologique pour la fin de l'année 2019", a déclaré M. Le Maire.
La France souhaite aussi que les Etats-Unis négocient avec l'Union européenne sur l'application du "cloud act".
Cette législation signée par Donald Trump en mars 2018 permet à l'administration américaine d'avoir accès aux données stockées par les centres de données américains hors des Etats-Unis, même si leur propriétaire n'est pas américain.
"Nous voulons trouver un accord entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur le fonctionnement du +cloud act+", a-t-il dit.
"Nous refusons que l'administration américaine puisse récupérer ces données sans que l'entreprise (propriétaire des données) ne soit avertie, et sans qu'il y ait un minimum de contrôles", a déclaré Bruno Le Maire.
La négociation doit "être globale entre le continent et les Etats-Unis", a-t-il souligné, par oppposition à la négociation bilatérale, pays par pays, que Washington préférerait imposer.