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SpaceX est devenue samedi en Floride la première société privée à lancer des astronautes dans l'espace, offrant aux Etats-Unis un nouveau moyen de transport spatial après neuf ans d'interruption. Invitée du RTL Info 13 heures, l'astrophysicienne à l'université de Liege Yaël Nazé revient sur ce vol habité. "C'est nouveau parce que c'est la première fois qu'on lance des hommes par une société privée mais il faut bien se rendre compte que le privé a toujours fait partie intégrante du spatial depuis très longtemps. En Belgique d'ailleurs, nous avons énormément d'entreprises spatiales", explique-t-elle.
Taxi spatial
Le patron excentrique de SpaceX Elon Musk présente beaucoup d'ambition pour les missions spaciales. Selon l'astrophysicienne du FNRS, les fusées de la société privée américaines ont le côté positif de réduire les coups avec la possibilité de les réutiliser. En effet, la mission peut sembler un pas modeste dans l'exploration spatiale: "Bob" et "Doug", les deux astronautes qui ont pris place à bord de la fusée n'iront ni sur la Lune ni vers Mars, seulement dans la vieille station spatiale, à 400 km de la Terre, où Russes et Américains et d'autres vont et viennent depuis 1998. La Nasa, pourtant, y voit une "révolution", car SpaceX va redonner aux Etats-Unis un accès à l'espace, low-cost, moins cher que ses programmes précédents.
Pour trois milliards accordés depuis 2011, SpaceX a entièrement développé un nouveau taxi spatial et promis à sa cliente six allers-retours vers l'ISS. "Elon Musk a apporté au programme spatial américain la vision et l'inspiration qui nous manquaient depuis neuf ans, depuis la fin des navettes spatiales. Il est brillant", a loué le patron de la Nasa, Jim Bridenstine, vendredi.
La conquête spatiale ne s'est jamais arrêtée
Toutefois, sur d'autres niveaux, les projets n'apparaissent pas toujours aussi géniaux qu'il n'y parait selon Yaël Nazé : "On peut penser par exemple aux méga-constellations de satellites qui seront en orbite basse qui vont polluer énormément et donc potentiellement empêcher d'autres partenaire de travailler dans l'espace mais aussi gâcher la vue pour les astronomes". La chercheuse reste toutefois optimiste confiant que "c'est peut-être par SpaceX ou d'autres que nous allons aller sur Mars, ce qui est quand même une aventure intéressante".
Alors, ce nouveau vol habité relance-t-il la conquête spatiale ? "Elle ne s'est jamais vraiment arrêtée, répond Yaël Nazé. La conquête spatiale, c'est principalement des robots, et côté américain, il n'y a pas eu d'arrêt de leur envoi. Il y une nouvelle course aux niveaux commercial et militaire. On a des ambitions de plus en plus grande pour militariser l'espace et pour l'exploiter, que ce soit au niveau touristique ou au niveau de nouveaux développements comme les télécommunications et l'exploitation de ressources naturelles"