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Le témoignage inattendu d'une victime des attentats de Paris: "Jawad est un imbécile, il m'a convaincu qu'il n'était pas au courant"

"Jawad Bendaoud m'a convaincu qu'il n'était pas au courant" qu'il hébergeait des terroristes, a affirmé mardi Bley Bilal Mokono, qui est paraplégique depuis qu'il a été blessé par une explosion à proximité du Stade de France, le 13 novembre 2015. Cette cinquième journée du procès de Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah, poursuivis devant le tribunal correctionnel de Paris pour recel de malfaiteurs terroristes, a vu les parties civiles se succéder à la barre. L'ambiance y est nettement plus solennelle que les jours précédents, rapportent les médias français.

Les premières parties civiles à avoir témoigné mardi ont été des proches de victimes des attentats. Parmi eux figurait notamment un habitant de Comines qui a perdu sa fille au Bataclan. La plupart ont déploré l'ambiance parfois légère dans laquelle se sont déroulés les premiers jours de procès et plus particulièrement les rires qu'ont pu susciter certaines déclarations de Jawad Bendaoud. "Il y a quelque chose que vous avez oublié, c'est pas un show, c'est pas un défilé de mode ici. Il y a minimum de respect à avoir. Il y a des familles qui sont K-O", a ainsi souligné un proche de victime.

Le dernier témoin avant l'interruption a été Bley Bilal Mokono, grièvement blessé par une explosion provoquée par un kamikaze alors qu'il se trouvait en terrasse avec son fils de 13 ans à proximité du Stade de France. "Jawad Bendaoud, j'ai l'impression que c'est mon petit frère dont j'ai raté l'éducation", a-t-il commenté. "J'avais besoin de savoir s'ils étaient des terroristes ou des imbéciles. Jawad est un imbécile, il m'a convaincu qu'il n'était pas au courant."

Les deux principaux prévenus se sont levés pour écouter son témoignage et ont été visiblement touchés par celui-ci. "Je te jure sur ma tête, tout ce que je dis depuis le début est la stricte vérité (...) Je te remercie d'avoir été correct", a réagi Jawad Bendaoud. "Comment t'as parlé, franchement ça m'a touché. J'ai fait l'imbécile, Bilal. Je suis pas un assassin. J'ai une famille comme toi. J'ai mal analysé la situation", a renchéri Mohamed Soumah.

Youssef Ait Boulahcen, qui n'est poursuivi que pour non-dénonciation de crimes terroristes, a quant à lui fait part de "toute (sa) compassion et tout (son) amour". "Je compte sur vous, j'ai confiance en vous. Je vous demande de nous protéger parce que des fous, il y en a partout", a conclu le témoin à l'attention de la cour, sous les applaudissements des deux prévenus.

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