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Les enfants belges de djihadistes de retour en Belgique seront-ils suivis? "Si on les laissait pourrir en Syrie, on pourrait s’inquiéter"

Ce lundi à 7h50 sur Bel RTL, notre journaliste Fabrice Grosfilley a reçu le délégué général aux Droits de l’Enfant, Bernard De Vos, pour évoquer notamment le rapatriement de 6 jeunes belges qu’il a rencontrés en Syrie et la cinquantaine de mineurs belges toujours présents sur place.

Fabrice Grosfilley: quand on est fils ou fille de terroriste, est-ce qu’on est soi-même terroriste ?

Bernard De Vos: "Non, on est victime et on subit les conséquences des actes commis par les parents.  On connaît une vie vraiment très moche. Surtout pour ceux qui sont retenus en Syrie pour l’instant."

F.G.: Je vous pose cette question car il y a cinq enfants et une jeune adulte qui ont été rapatriés de Syrie vendredi dernier. Ils avaient tous la nationalité belge. C’est un soulagement pour vous ?

B. D.V.: "Oui, beaucoup de pays européens avaient commencé à rapatrier des ressortissants et tous les pays ont commencé par les orphelins, ce qui est un principe d’humanité essentiel.  Je suis ravi. C’est une première étape. Il ne faut pas en rester là."

F.G.: Vous étiez en Syrie avant leur rapatriement. Vous avez rencontré ces enfants et vous avez visité des camps où il y a les prisonniers de l’Etat islamique qui sont détenus par les kurdes aujourd’hui. Il y a beaucoup de familles, de femmes et d’enfants. Les maintenir là-bas, c’était prendre des risques pour leur santé ?

B. D.V.: "Oui, des risques énormes. La vie dans ces camps est un enfer. Il faut imaginer 80.000 personnes entassées sur quelques centaines de mètres carrés, sans nourriture, sans eau, avec une chaleur étouffante (43-44 degrés, et pas en-dessous de 30 degrés la nuit)."

F.G.: On ne doit pas donner trop de détails pour préserver l’anonymat de ces enfants. Il y a deux fratries, le plus jeune à six ans et ce sont des orphelins. Ils sont désormais rendus à leur famille.

B. D.V.: "Le but est que dans la majorité des cas, ils puissent rejoindre leur famille élargie. Pour l’instant, ils sont pris en charge par les services spécialisés qui évaluent la situation. Ce sont les services d’aide à la jeunesse et le juge de la jeunesse qui décident."

F.G.: Y aura-t-il un suivi ? Ils ont tous été vus par l’Ocam (l’office central d’analyse de la menace) avant de rentrer. On est à peu près sûr qu’ils ne reviennent pas avec des idées djihadistes ?

B. D.V.: "Oui, je ne pense pas que l’Ocam aurait pris des risques. Il y aura un suivi des services de l’aide à la jeunesse. Ce sont des jeunes enfants. Ils ont la vie devant eux."

F.G.: Une partie de l’opinion publique craint que ces jeunes gens élevés par l’Etat islamique, dans un contexte guerrier, qui ont vu des bombardements et horreurs de la guerre, reviennent en Belgique avec beaucoup de haine en eux.

B. D.V.: "Je comprends mais l’opinion publique est mal informée. A ma connaissance, il reste aujourd’hui dans les camps, 17 mamans avec 42 enfants (38 ont moins de 5 ans). On ne peut pas imaginer une demi-seconde que ces enfants soient des graines de terroristes. Si on les laisse pourrir sur la place, on pourrait s’inquiéter. Mais ici, on a une opportunité énorme. Et les mamans sont toutes sur un chemin du repentir."

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