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Mettre son vélo dans un train, ce n'est pas une mince affaire. Il faut souvent se dépêcher de trouver le contrôleur pour avoir accès au compartiment dédié, même si certains trains plus modernes sont équipés de wagon clairement siglés "vélo".
Un problème qui n'en sera bientôt plus car dès l'an prochain, les vélos ne seront plus admis à bord des trains en heure de pointe, relate la presse flamande ce jeudi. En effet, ceux qui ne trouvent pas le compartiment vélo rentrent avec celui-ci dans un wagon normal, et peuvent rapidement gêner l'entrée ou la sortie des usagers.
La mesure pose question, à une heure où l'on veut diminuer l'usage de la voiture au profit des moyens de transports plus écologiques. Pourquoi ne pas ajouter des wagons dédiés à ces vélos aux heures de pointe ?
La réponse est simple. "De plus en plus de personnes choisissent de prendre le train, ce qui est une bonne chose", souligne logiquement la porte-parole de la SNCB. "Et il y a aussi de plus en plus de cyclistes. Or, durant les heures de pointe, on ne peut pas allonger les trains et ajouter des voitures et des wagons tout simplement parce que les trains sont déjà en composition maximale", afin de transporter le plus de personnes possibles.
"La décision de la SNCB tombe assez mal parce qu'elle est à contre-courant de ce qu'on essaie de faire dans la mobilité"
Notre journaliste Fanny Linon a suivi Luc Goffinet, le directeur pour la Wallonie du GRACQ, l'ASBL Les Cyclistes Quotidiens. Il a détaillé ce qu'il pensait de cette mesure. Après avoir cause du retard dans un train muni d'un wagon spécifique pour les vélos (il existe 3 types de dispositifs pour vélos qui cohabitent en Belgique selon l'ancienneté ou le modèle des voitures, ndlr), il dit comprendre en partie la SNCB. "On tombe sur les raisons invoquées par la SNCB pour interdire les vélos aux heures de pointe. On demande l'intervention du contrôleur, qui est à l'autre bout du train, qui a dû reparcourir la moitié du train avec moi, ce qui a mis une ou deux minutes de plus pour le départ du train."
Mais pour lui, la mesure ne résout rien. "Ce problème n'est pas insoluble. Il peut l'être à condition de revoir ces compartiments vélos qui pour l'instant sont fermés. Donc on pourrait lors des rénovations de rames les ouvrir comme dans la plupart des trains en Europe pour que le cycliste puisse monter tout seul et ne retarde plus les trains, plutôt que d'interdire tout simplement les vélos."
Pour lui, savoir dans n'importe quelle gare où se placer pour rentrer dans le bon wagon serait déjà une avancée. Il invite la SNCB à prendre exemple sur la Suisse. "Si les cyclistes montent en général au mauvais endroit et bloquent les passages pour les voyageurs, c'est parce qu'ils n'ont pas pu identifier à temps le compartiment à vélos. En Suisse, même aux heures de pointe, on a des trains avec des gens qui prennent leur vélo régulièrement. Et alors ces wagons sont toujours au même endroit. Ils sont indiqués sur le quai par un petit logo donc les cyclistes attendent toujours au même endroit. L'accès est de plein pied et il n'y a pas d'intervention du contrôleur. L'espace est suffisamment grand pour que les vélos qu'on y stocke ne dérangent pas les voyageurs, donc il y a des solutions."
Luc Goffinet regrette la décision qui va à l'encontre des politiques de mobilité douce actuelles. "À vélo, on ne sait pas se rendre partout parce que les distances sont trop grandes. En train, on ne sait pas tout faire non plus parce que souvent, les destinations sont loin des gares. Mais si on combine le train et le vélo, on a la combinaison la plus performante et la plus écologique. Donc la décision de la SNCB tombe assez mal parce qu'elle est un peu à contre-courant de ce qu'on essaie de faire dans la mobilité."
Les vélos pliables toujours acceptés
A noter: les vélos pliables ne sont pas concernés par cette mesure. Mais "un vélo pliant coûte plus cher. Pour des usages ponctuels, on ne peut pas demander à chaque belge d'être équipé d'un vélo pliant", estime encore le spécialiste.