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L'Inde a pris livraison mardi du premier des 36 Rafale commandés en septembre 2016 à la France, qui lorgne de nouveaux marchés pour le renouvellement de la flotte vieillissante d'avions de combat indienne.
Devant un Rafale frappé d'une cocarde aux couleurs indiennes sur le site de Dassault Aviation à Mérignac, près de Bordeaux, le ministre indien de la Défense Rajnat Singh a salué un "jour historique pour les forces armées indiennes".
Le ministre, qui devait voler à bord de l'appareil dans l'après-midi, a auparavant visité au pas de charge le hall d'un blanc immaculé, où quatre Rafale destinés à New Dehli étaient en cours d'assemblage final.
Trois Rafale sont déjà terminés, mais ils ne rejoindront l'Inde qu'en mai, une fois la formation des premiers pilotes achevée. Les livraisons doivent s'étaler jusqu'en 2022.
Le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier a souligné "le lien stratégique unique et fort qui unissait nos deux pays", ajoutant que l'appareil avait été "développé spécialement pour répondre aux besoins extrêmement pointus de l'Indian Air Force".
L'appareil est attendu "avec impatience" en Inde, selon M. Trappier. Une impatience autant due au vieillissement de la flotte disparate de l'armée de l'air indienne qu'aux nombreux rebondissements survenus depuis l'appel d'offres international lancé en 2007.
Portant à l'origine sur 126 appareils, dont une partie devait être construite sur place, il avait été remporté cinq ans plus tard par le Rafale, avant que le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi n'annonce finalement l'achat de 36 Rafale construits en France.
- Polémique en Inde -
Ce contrat a en outre été le point de départ d'une polémique de plus d'un an en Inde, jusqu'à la réélection de Narandra Modi au printemps. L'opposition a accusé le gouvernement d'avoir favorisé un conglomérat privé, Reliance Group, comme partenaire de Dassault, aux dépens de l'entreprise publique Hindustan Aerospace Industries (HAL). Reliance Group est dirigé par l'homme d'affaires Anil Ambani, réputé proche du Premier ministre.
La Cour suprême indienne a refusé en décembre 2018 d'ouvrir une enquête, assurant n'avoir trouvé "aucun élément substantiel prouvant des pratiques de favoritisme commercial".
Alors qu'elle se fixe pour mandat de faire face à deux conflits simultanés face à la Chine et au Pakistan, l'armée de l'air indienne est censée être dotée de 42 escadrons quand elle ne peut péniblement en aligner que 33 à l'heure actuelle, selon le Military Balance de l'International Institute for Strategic Studies (IISS).
"L'aviation de combat est pour eux un outil et un atout stratégique. A ce titre, sa rénovation est à la fois politique et une grande priorité militaire", observe pour l'AFP le général Jean-Paul Palomeros, ancien chef d'état-major de l'armée de l'Air française et expert auprès du cabinet d'intelligence stratégique CEIS.
Dans la politique de "Make in India" promue par Narendra Modi, le contrat prévoit des compensations industrielles ("offsets").
- Programme de formation professionnelle -
Dassault et Reliance ont ainsi créé une coentreprise, DRAL, et construit une usine à Nagpur, dans le centre de l'Inde, qui fournira notamment des éléments des avions d'affaires Falcon de Dassault.
L'avionneur, pour qui l'Inde a été le premier client international dès 1953, a également mis en place un centre d'ingénierie à Pune, au sud-est de Bombay, et un programme de formation professionnelle. L'électronicien Thales est également présent à Nagpur tandis que le motoriste Safran s'apprête à inaugurer une implantation à Hyderabad. Tous deux sont des partenaires majeurs du programme Rafale, qui rassemble 500 entreprises françaises.
"Nous sommes en train de faire des partenariats avec des sociétés indiennes dans le cadre du +Make in India+", a observé Eric Trappier mardi. "Près de 60 entreprises françaises sont déjà installées en Inde (...) et demain d'autres entreprises viendront soutenir le +Make in India+", a observé la ministre des Forces armées Florence Parly.
L'Inde a aussi formulé en mai 2017 une demande officielle d'informations pour la fourniture de 57 avions de combat destinés à la marine indienne et une autre en juillet 2018 pour 110 appareils destinés à l'Indian Air Force. Dassault Aviation y a répondu dans les deux cas.
Rajnat Singh a semblé y faire allusion: "des réalisations comme celle d'aujourd'hui nous encouragent à en faire plus et ce sera à mon ordre du jour" à l'occasion de son déplacement en France.