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Jennifer a accueilli une jeune fille de 14 ans, mais ne s'est pas sentie assez assistée: "Nous étions famille d'accueil sans vraiment l'être"

Le mois dernier, 14 juges bruxellois ont interpellé la Ministre de l’aide à la jeunesse, Valérie Glatigny, dans une carte blanche. Ils dénoncent le fait qu’ils ne sont pas en mesure d’assurer leur mission de protection des enfants. En cause ? Le manque de places disponibles dans les structures. En Wallonie, il manquerait 600 familles d’accueil pour héberger l’ensemble des enfants qui en auraient besoin. Ce sont des manques de moyens qui impacteraient directement le suivi des jeunes, comme des parents accueillants.

Corentin De Ron a été placé, à l'âge de 8 ans, en famille d'accueil, avec sa petite sœur. Leurs deux parents travaillaient dans le milieu hospitalier, avant que la situation ne dégénère : "Ma mère biologique était alcoolique donc évidemment, dans un cadre comme celui-là, la maison c'était relativement compliqué. Il y avait beaucoup de disputes entre mes parents biologiques. Un moment donné, ce climat était beaucoup trop grave. C'est cela qui a nécessité qu'on soit placés", témoigne-t-il sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche.

Aujourd'hui âgé de 26 ans, Corentin est devenu enseignant en sciences. Il garde d'excellentes relations avec sa famille d'accueil. Il a décidé de partager son histoire dans un livre nommé "J’ai grandi en famille d’accueil".

C'est dans la famille de Patricia que Corentin grandit. Il estime aujourd'hui qu'il ne serait pas qui il est aujourd'hui sans elle : "Cette famille était vraiment un encadrement idéal, en tout cas pour nous, et bien meilleur que celui que j'aurais pu avoir avec mes parents biologiques. J'ai vraiment été épaulé pendant toutes ces années et bien suivi, aussi bien par mes parents d'accueil que par les trois grands enfants qu'ils avaient déjà", se réjouit Corentin.

Le jeune homme n'hésite aujourd'hui pas à considérer sa famille d'accueil comme sa vraie famille : "Mes vrais parents sont ceux qui ont été là pendant toutes ces années, près de moi et près de ma petite sœur Coralie. C'est eux qui m'ont élevé, c'est eux ma famille".

Certaines familles d'accueil, face à défi que ce rôle représente, ne se sentent pourtant pas suffisamment épaulées. C'est le cas de Jennifer, qui a accueilli une jeune fille de 14 ans dans son foyer. Plongée dans l'inconnu, elle demande alors le soutien d'une assistance spéciale au Service de Protection de la Jeunesse, mais se retrouve dans une file d'attente d'un an. "Nous étions famille d'accueil sans vraiment l'être. Nous n'avions pas le statut grâce à l'accompagnement, donc nous ne l'étions pas à leurs yeux. Nous faisions du mieux que l'on pouvait, entre ses référentes et le SPJ. Tout s'est arrêté brutalement suite aux petites inquiétudes de sa part et de notre part", se souvient Jennifer.

Un manque de places pour les jeunes en difficultés

L'histoire de Corentin dans sa famille est un succès, mais pourtant, les familles d'accueil manquent. En Wallonie, il manquerait 600 familles d’accueil pour héberger l’ensemble des enfants qui en auraient besoin.

Le rôle de famille d'accueil n'est pas anodin, et représente un investissement important, comme l'explique Guy De Backer, le directeur de la Fédération des Familles d’accueil de la Fédération Wallonie-Bruxelles et du centre de placement : "Ce sont des familles qui consacrent beaucoup de temps, de l'énergie et pour lesquelles on doit étudier la candidature pour qu'elles puissent devenir familles d'accueil", rappelle-t-il.

Certaines familles d'accueil, face à défi que ce rôle représente, ne se sentent pas suffisamment épaulées. C'est le cas de Jennifer, qui a accueilli une jeune fille de 14 ans dans son foyer. Plongée dans l'inconnu, elle demande alors le soutien d'une assistance spéciale au Service de Protection de la Jeunesse, mais se retrouve dans une file d'attente d'un an. "Nous étions famille d'accueil sans vraiment l'être. Nous n'avions pas le statut grâce à l'accompagnement, donc nous ne l'étions pas à leurs yeux. Nous faisions du mieux que l'on pouvait, entre ses référentes et le SPJ. Tout s'est arrêté brutalement suite aux petites inquiétudes de sa part et de notre part", se souvient Jennifer.

La ministre Valérie Glatigny réagit

La ministre de l'Aide à la jeunesse, Valérie Glatigny a été interpellée, le mois dernier, par 14 juges bruxellois dans une carte blanche. Ils dénoncent le fait qu’ils ne sont pas en mesure d’assurer leur mission de protection des enfants. Invitée sur le plateau, assure que l'accueil dans les familles a été renforcé avec 72 prises en charge supplémentaires, ainsi que les places d'hébergement, avec 85 en plus. "Je pense que ce qu'il faut dire, c'est qu'il n'y a pas un manque de place en raison du fait qu'on aurait fermé des places. Au contraire, on créée sans cesse de nouvelles places. Il y a 50 millions d'euros supplémentaires qui ont été mis ces 5 dernières années et depuis ce début de nouvelle législature, 12 millions en plus", clarifie la ministre.

Pour expliquer le manque de place, la ministre pointe la sensibilisation : "On ne met pas suffisamment en évidence le travail de qualité qui peut être fait en matière d'accompagnement des familles", admet-elle. Valérie Glatigny ajoute qu'il faut travailler sur la prévention : "Mettre en évidence les services qui vont accompagner les parents dans les familles pour éviter le placement dans les familles d'accueil et puis ensuite en institution. Tout le monde n'est pas en capacité d'être un parent structurant, de comprendre les besoins d'un bébé en termes d'heures de sommeil, d'accompagner son enfant pendant sa scolarité ou de garder le contact avec un adolescent. Je pense que le plus important est d'investir dans la prévention", estime-t-elle.

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