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A rebours des scénographies surchargées, Rosalía, mégastar de la nouvelle pop, mise sur l'épure pour servir la puissance de son show, comme aux Vieilles Charrues, festival français phare, dans la nuit de samedi à dimanche.
"Cette artiste est la sensation planétaire dont tout le monde parle, mais peu l'ont vue sur scène, c'est une chance de la recevoir aux Vieilles Charrues dans une soirée archi-complète, ça va être volcanique", prédit avant le concert à l'AFP Jérôme Tréhorel, directeur de l'évènement.
Bien vu, pendant sa prestation (1h15) l'Espagnole a alterné entre éruptions et répits avant de nouvelles secousses. Le tout dans un écrin sobre. La langue anglaise a l'expression juste, "less is more", "faire moins, c'est faire plus".
Avec huit danseurs et un décor résumé à deux rectangles géants et un fond de scène en légère pente, la trentenaire peut laisser libre cours à sa créativité.
On pense parfois à un dispositif digne de la Fashion week à Paris. Un univers qu'elle connaît bien, puisqu'en janvier, dans la capitale française, Rosalía avait enflammé le défilé Louis Vuitton (maison qui n'avait pas alors encore remis son sort entre les mains du musicien-créateur Pharrell Williams).
- Maillot du FC Barcelone -
Avec la chanteuse de "La fama", on est loin de la course à l'armement de la concurrence. Beyoncé, quand elle se produit dans des stades, arrive sur un cheval volant -- référence à la pochette de son dernier album "Renaissance" -- et change une dizaine de fois de tenues. Lana Del Rey, pour son concert récent à Paris à L'Olympia, salle pourtant intimiste, est montée sur scène avec quatre musiciens, trois choristes, six danseuses, sans oublier l'apparition scénarisée d'un coiffeur et deux balancelles.
L'interprète de "Despechá" se présente, elle, devant les 70.000 spectateurs du festival en Bretagne, en cuir noir façon motarde -- clin d'oeil aux visuels de son dernier disque "Motomami" --, épaules couvertes d'une pièce de tissu tout en longueur et blancheur spectrale. Un dernier accessoire créé par ses soins, qu'elle "porte pour la première fois", comme elle l'assure au public en français.
Les tubes s'enchaînent -- "Beso", "Tuya" -- et l'artiste dévoile toutes les facettes de son talent. Le public, très jeune, connaît sur le bout des doigts les hymnes de celle qui a dépassé les 2 milliards de vue sur YouTube avec le clip "Con altura", chanté avec J Balvin, mégastar du reggaeton.
Quand elle glisse le long des premiers rangs, l'artiste en profite d'ailleurs pour faire chanter les spectateurs. Ce fan malin au maillot du FC Barcelone a droit au micro, la musicienne étant originaire de la banlieue de cette ville de Catalogne.
- Moto-humaine -
Rosalía s'avère vocalement aussi à l'aise dans les morceaux club que dans une ballade jouée seule au piano. Et s'amuse à passer de chorégraphies inspirées du flamenco à celles issues du reggaeton.
Pendant les intermèdes, la Catalane joue sur ses qualités d'actrice dans des plans filmés par ses danseurs et projetés sur les écrans géants qui l'entourent. Façon de rappeler qu'elle a fait une apparition dans "Douleur et gloire" (2019) de son compatriote Pedro Almodovar.
Dans un tableau, ses danseurs s'agglomèrent pour former une moto-humaine, qu'elle chevauche pour interpréter "Motomami" ("moto-meuf"), morceau-titre de son dernier opus.
Sorti en mars 2022, cet album a été encensé par la critique et par le public. Ce troisième opus est sans doute son plus intime. Y sont abordés les thèmes de la sexualité, du féminisme, de la spiritualité ou encore du respect de soi.
Au coeur du projet, un symbole: le papillon, né d'une chrysalide avant de déployer ses ailes. La chanteuse arborait même cet insecte en bijou posé sur une dent pour certains visuels du disque. Dans "Saoko", elle chante d'ailleurs: "Je me transforme", "Je me contredis", "Je peux tout être". Rosalía l'a prouvé sur la scène des Vieilles Charrues.