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La Cour de Cassation italienne a rejeté mardi la demande de l'ONG allemande Jugend Rettet de lever le séquestre sur leur navire, le Iuventa, qui avait été saisi en août 2017 sur des soupçons d'aide à l'immigration clandestine.
Le Iuventa, bateau de 33 mètres, a été saisi le 2 août près de l'île italienne de Lampedusa, dans le cadre d'une enquête ouverte en octobre 2016 en Sicile après les dénonciations de deux agents de sécurité engagés sur un autre navire humanitaire.
Images à l'appui, ils ont raconté avoir vu des membres de Jugend Rettet converser avec des complices présumés des passeurs et ramener après un sauvetage une barque en bois vers la Libye, où elle a été réutilisée pour faire partir d'autres migrants.
Mais l'ONG réfute toutes les accusations, expliquant qu'il s'agit d'une interprétation erronée du déroulé de deux journées de secours compliquées en juin 2017, avec de nombreuses embarcations en détresse, plusieurs navires de secours mais aussi des "pêcheurs de moteurs" souvent armés, qui viennent voler les moteurs des embarcations après, voire pendant, les sauvetages.
Une étude minutieuse du collectif Forensic Oceanography publiée vendredi, basée sur l'ensemble des images disponibles et sur les échanges radio dans la zone ces deux jours, a elle aussi réfuté les accusations, montrant par exemple que la barque en bois vide n'était pas tractée vers la Libye mais dans la direction opposée, pour ne pas déranger d'autres opérations de secours.
La cour n'a pas donné les motivations de sa décision, qui portait uniquement sur la saisie du navire pendant la poursuite de l'enquête judiciaire.
"Le cas Iuventa est un précédent. Le tribunal permet de criminaliser le sauvetage en mer et la solidarité envers d'autres êtres humains en fuite. Mais tant que des gens continueront de mourir en mer, nous continuerons notre combat", a réagi Philipp Külker, porte-parole de l'ONG, lors d'une conférence de presse à Berlin.
La semaine dernière, la justice italienne avait en revanche levé le placement sous séquestre du navire d'une ONG espagnole, Proactiva Open Arms, également soupçonnée d'aide à l'immigration clandestine parce que ses secouristes ont refusé de remettre des migrants aux garde-côtes libyens.
Mais un juge de Sicile a en effet estimé que la Libye n'était pas un pays sûr pour les migrants et que les secouristes avaient donc agi "en état de nécessité".
Ces derniers jours, plus de 1.500 migrants ont été secourus au large de la Libye et au moins 11 personnes ont trouvé la mort dans des chavirages.