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Mobilisation massive des retraités, en recul pour les personnels des Ehpad

Les seniors et ceux qui s'en occupent haussent le ton: écœurés de passer "pour des nantis", des dizaines de milliers de retraités se sont mobilisés partout en France jeudi pour défendre leur pouvoir d'achat, souvent rejoints par les professionnels de l'aide aux personnes âgées, appelés à la grève pour réclamer plus de moyens humains.

"Ni privilégiés ni assistés", entre 39 000 et 68 000 retraités, selon un décompte effectué par l'AFP à partir des chiffres de la police et des syndicats dans une trentaine de villes, ont battu le pavé pour dire non à la "baisse de leurs pensions", accompagnés dans de nombreux cas de salariés des maisons de retraite.

Ils étaient entre 2000 et 3000 à Tours, plus de 1000 à Marseille, 2000 à Clermont-Ferrand...

A Paris, entre 7200 personnes, selon la préfecture de police, et 30 000, selon les syndicats, ont ainsi défilé de Montparnasse aux Invalides, s'estimant "mal (re)traités".

"Comment un gouvernement peut-il ignorer un quart de ses citoyens ?", s'est interrogé Olivier Joucher (CGT) lors d'un point presse de l'intersyndicale (UCR-CGT, UCR-FO, UNAR-CFTC, UNIR CFE-CGC, FSU-Retraités, Solidaires, FGR, LSR et UNRPA) organisé en amont.

En ligne de mire, la hausse de 1,7 point de la CSG pour 60% de retraités, destinée à compenser la suppression des cotisations chômage et maladie du privé et qui avait déjà fortement mobilisé en septembre.

A Nice, peu habituée aux grands cortèges, un millier de personnes, selon la police, ont bravé une météo exécrable, brandissant des pancartes "Macron t'es foutu, les vieux cons sont dans la rue". A Marseille, un carton proclamait: "Paradis pour les uns, pas un radis pour les autres".

"On est ponctionné assez durement" après des années à cotiser, s'est insurgé à Lille Fabrice Danon, 65 ans, retraité de l'enseignement, privé de "400 euros par an".

Emmanuel Macron a redit mercredi qu'il "assumait" ses réformes et a demandé "un effort pour aider les jeunes actifs". "Il y en a qui râlent et qui ne veulent pas comprendre, c'est la France", a-t-il remarqué.

"Les efforts, on les a déjà faits et on les demande toujours aux petits", s'est indigné Mohamed Jaafari, 73 ans, lors du rassemblement rémois.

Les motifs de mécontentement se sont accumulés ces dernières années: gel des pensions, suppression de la demi-part des veuves ou encore décalage de la revalorisation des retraites d'octobre 2018 à janvier 2019 pour augmenter le minimum vieillesse.

- "Il faut des moyens" -

Augmenter les effectifs "urgemment": c'est la "priorité" pour l'intersyndicale qui appelait à la grève dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les services d'aide à domicile et autres structures en charge du grand âge, moins de deux mois après une première mobilisation très suivie.

"On ne peut plus admettre que des personnes âgées ne soient pas douchées régulièrement", que leurs repas soient expédiés, résume Mireille Stivala (CGT) au nom de neuf autres syndicats (FSU, Fédération autonome Fonction publique, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, Solidaires, Union fédérale action sociale et Unsa) et de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).

Le taux de mobilisation, en comptant à la fois les grévistes déclarés et le personnel assigné, a atteint 22,5%, tandis que le taux de participation (hors personnels assignés) était de 5,7%, a indiqué le ministère des Solidarités jeudi soir. Ces chiffres marquent un recul par rapport à la mobilisation du 30 janvier, où ces chiffres étaient respectivement de 31,8% et 10,3%.

La ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, a reçu une délégation à la mi-journée pendant un rassemblement sous ses fenêtres. "Elle a reconnu" la légitimité des attentes, a rapporté le président de l'AD-PA, Pascal Champvert. "Mais elle ne peut pas répondre au ratio" d'un personnel pour un résident, contre 0,6 en moyenne actuellement, réclamé par les syndicats, en plus de meilleurs salaires ou de l'abrogation de la réforme du financement des Ehpad.

Un rapport parlementaire publié mercredi propose de doubler le ratio de soignants en quatre ans. Soit plus de 200.000 recrutements, pour 7 à 10 milliards d'euros, quand la ministre met en avant le manque de "moyens budgétaires".

Agnès Buzyn promet pour l'heure de neutraliser les "effets négatifs" de la réforme du financement affectant un quart des Ehpad.

Elle a en outre annoncé dans un communiqué jeudi "un cadre de travail en commun avec l’Assemblée des départements de France" sur le financement de la dépendance et promis pour début avril des "orientations stratégiques" sur la prise en charge du vieillissement.

burs-ac/cel/lum/cam

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