Partager:
La Société des journalistes (SDJ) des Echos a protesté jeudi contre le départ surprise du directeur de la rédaction, Nicolas Barré, en y voyant une "éviction brutale par l'actionnaire", le milliardaire Bernard Arnault.
"Le communiqué de la direction du groupe annonçant le départ de Nicolas Barré de son poste de directeur de la rédaction des Echos ne peut masquer la réalité qui est celle de son éviction brutale par l'actionnaire", a estimé la SDJ du quotidien économique dans un communiqué diffusé sur Twitter.
"Nous, journalistes des Echos, affirmons notre détermination à faire respecter l'indépendance de la rédaction", a-t-elle poursuivi.
"Nous ne sommes pas dupes", a ajouté la SDJ, en rappelant que les journalistes qui le souhaitent feront une "grève des signatures" à partir de jeudi midi et pour 24 heures dans le journal en ligne et dans l'édition papier de vendredi.
Mercredi, le groupe Les Echos-Le Parisien a officialisé le départ de M. Barré, en annonçant qu'il était "appelé à occuper de nouvelles fonctions au sein de la rédaction".
Ce groupe est détenu par le géant du luxe LVMH, dont Bernard Arnault est PDG.
La veille, mardi, le média La Lettre A avait affirmé que M. Barré allait être débarqué de ce poste qu'il occupait depuis environ 10 ans. Cela avait suscité une réaction inquiète de la SDJ quant à "l'existence de menaces sur l'indépendance du journal".
La SDJ s'était interrogée sur un "lien entre ce départ et la publication ces dernières semaines de plusieurs articles qui auraient déplu à l'actionnaire".
Dans son communiqué de jeudi, la SDJ estime que "l'éviction" de M. Barré est "en contradiction avec les garanties d'indépendance négociées âprement au moment du rachat des Echos par LVMH en 2007".
Bernard Arnault était cité dans le communiqué du groupe Les Echos-Le Parisien annonçant le départ de M. Barré: il se disait "très heureux" que ce dernier "ait choisi de poursuivre son parcours au sein du groupe avec un nouveau rôle".
Cette déclaration est "une ingérence de plus dans la vie du journal malgré les engagements pris", a jugé la SDJ.