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Fin définitive du nucléaire en Allemagne: le pays va probablement se tourner vers le gaz... et ça risque d'impacter notre pays

Le nucléaire en Allemagne, c'est du passé ! Les trois dernières centrales vont être débranchées ce samedi. Comment le pays assure-t-il sa sécurité  nergétique et sa croissance ? Pourquoi abandonnent-ils le nucléaire, au moment même où de nombreux pays, dont la Belgique mise encore sur cette solution dans un mix énergétique ?

On se souvient de nos boulangers dont certains ont dû mettre la clef sous la porte voyant l’augmentation des coûts de l’énergie. La menace est aujourd’hui la même pour les Allemands. 

Les prix de l’électricité sont parmi les plus chers d’Europe. Et le bouclier mis en place par le gouvernement a commencé à prendre fin. "C'est sûr que c'est une préoccupation de tous les jours. On a déjà eu 25 % d'augmentation mensuellement, ça va être revu en mai. Donc, c'est sûr que sortir du nucléaire pour se focaliser sur le fossile, sur l'énergie renouvelable ou encore pire, sur le gaz qui est encore plus cher, ça nous préoccupe", confie Justine Desnoulez, boulangère aux merveilleux de Düsseldorf.

Jusqu'à 30 réacteurs en Allemagne

Pourtant, selon les sondages, la majorité des Allemands ne remettent pas en question la fin du nucléaire.  "Je pense qu'il faut arrêter le nucléaire, c'est mieux", note une habitante. "Pour le futur, c'est peut-être une bonne idée. Mais le problème, c’est que maintenant l’énergie est chère… Et la vie est déjà chère, à cause de l’Ukraine", dit une autre. 

L’Allemagne a compté jusqu’à 30 réacteurs nucléaires sur son territoire. Mais au début des années 2000 et puis 2011, après Fukushima, il a été décidé de s’en passer définitivement. C’est la victoire des écologistes. Depuis, les Allemands sont devenus les spécialistes du renouvelable.

Cela représente aujourd’hui 50 % de leur électricité : le Photovoltaïque bien sûr, mais surtout l’éolien. C’est dans ce pays qu’on en trouve le plus en Europe. Et ce n'est pas fini ! L'objectif ? Six nouvelles éoliennes terrestres mises en service chaque jour. Et c'est vrai qu'en Allemagne, il y en a absolument partout. Plus de 20.000 sont réparties sur tout le territoire et en mer. Les éoliennes représentent déjà presqu'un quart de la production énergétique allemande.

Le problème, ici comme ailleurs, c'est évidemment leur fiabilité et leur rentabilité. Ce qui fait dire à de nombreux experts que la première puissance économique européenne va avoir beaucoup de mal à se séparer de sa dépendance avec le gaz et le charbon.

Le retour des mines à charbon

Les besoins en énergie qui continuent d’augmenter. Alors pour compenser, les Allemands relancent aussi leurs mines à charbon. Elles sont gigantesques, les plus grandes du monde, après celles de Chine. On y ramasse de la lignite, le charbon le plus sale, pour le brûler dans des centrales électriques. Et ça a clairement sauvé l’économie et la domination allemande. "Oui, c’est sale… Mais on est incapable de stocker l’énergie du soleil et du vent. Et on peut déjà être content que le nucléaire n'ait pas explosé. Alors…", estime un Allemand.

Alors, des villages entiers sont dépeuplés, expropriés puis rasés... Greta Thumberg dénonçait encore, en janvier dernier, ces catastrophes écologiques et voulait protéger un village bientôt détruit pour le charbon. Mais c'est bataille perdue : la route qui doit emmener vers Lutzerath est désormais inaccessible. 

Où aller chercher les besoins en énergie ?

La fin du nucléaire, poussée par les mouvements environnementaux, a forcé le pays à prendre deux directions opposées en même temps. "Je pense que l'Allemagne a réussi pas mal de choses sur le développement du renouvelable. C'est sûr que sur le charbon, il n'y a pas de question, c'est absolument dramatique et ce n'est pas du tout un modèle. Mais je pense que si on regarde de loin, on voit que le boom mondial que connaissent finalement les renouvelable a commencé entre autres avec la sortie du nucléaire allemande et la décision en 2000. À ce niveau-là, je pense que oui, ça a beaucoup participé finalement aussi à la protection du climat mondiale", développe Paul-Marie Manière, de Greenpeace Allemagne. 

Aujourd’hui, la part du nucléaire qui reste à compenser est d’environ 6 %. Où aller chercher cette énergie, sans délai ? L’option la plus probable n’est plus tellement le charbon, mais surtout le gaz. "Remplacer ces productions nucléaires par une production au travers de centrales au gaz, ce qui sera sans doute fait en Allemagne, ça va augmenter la consommation de gaz du pays de 40 térawattheures (TW). C'est très significatif et ça va sans doute causer une augmentation du prix du gaz en Belgique", avertit Damien Ernst, expert énergie à l'Université de Liège.

Poussés par une émotion qui ne leur ressemble pas, les Allemands ont opéré une transition écologique à marche forcée dans la peur du nucléaire. Et ils sont bien décidés à être l'un des premiers pays industrialisés à atteindre la neutralité climatique dès 2045. 
 

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Commentaires

1 commentaire

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  • Ils veulent absolument diriger l'Europe et tout le monde devrait faire comme eux

    Alain Schmit
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