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Dans son café de la banlieue d'Athènes, Agueliki Giannopoulou s'attend, comme de nombreux électeurs en Grèce, à "une large victoire de la droite" emmenée par Kyriakos Mitsotakis dimanche lors des élections législatives.
Pour cette femme de 45 ans, la victoire de l'ancien Premier ministre sera même "plus large" que lors du précédent scrutin il y a tout juste cinq semaines.
"L'autre (le candidat de la gauche Syriza, Alexis Tsipras, ndlr) ne dit rien, son discours n'est pas fort", juge-t-elle en faisant mousser du lait pour un cappuccino.
Appelés aux urnes le 21 mai, les Grecs doivent de nouveau désigner leurs 300 députés dimanche. Un second scrutin voulu par M. Mitsotakis qui, malgré sa nette victoire il y a cinq semaines, n'a pas obtenu la majorité absolue qu'il souhaitait pour gouverner.
Avec 40,8% des suffrages, sa formation, Nouvelle-Démocratie a fait deux fois mieux que Syriza qui, à l'inverse, a subi un camouflet en ne recueillant que 20,07% des suffrages.
Mais Kyriakos Mitsotakis a cherché ces derniers jours à remobiliser les foules qui, par lassitude, pourraient être tentées de ne se pas se déplacer dans les bureaux de vote.
Il est allé jusqu'à mettre en garde contre une troisième élection en août, au plus fort de la saison touristique, s'il ne parvient pas à former un gouvernement stable.
- Prédéterminé -
Devant un café freddo à 4 euros, Maria N., une médecin quinquagénaire qui n'a pas voulu donner son nom, estime d'ailleurs que "le résultat est prédéterminé au point que je ne suis pas sûre d'aller voter".
Devant une station de métro proche du café, Sophia Konstantinidou, 50 ans, ne cache pas non plus sa résignation.
"On en a marre de ce second vote", dit-elle, "mais il faut y aller" car "c'est une occasion pour les petits partis d'entrer au Parlement et d'avoir (ainsi) plus de pluralisme", affirme-t-elle.
Les conservateurs de M. Mitsotakis misent sur un mode de scrutin différent de celui du 21 mai et qui accorde cette fois-ci un "bonus" de jusqu'à 50 sièges au parti arrivé en tête.
Mais l'ampleur de sa prévisible victoire dépend du nombre de partis qui franchiront le seuil de 3% pour siéger au parlement.
Huit ans après l'octroi d'un ultime plan de sauvetage de l'économie grecque, les difficultés économiques du quotidien restent la principale préoccupation de nombreux Grecs.
Devant une officine de paris sportifs, deux retraités discutent d'ailleurs de la cherté de la vie. La conversation s'enflamme vite.
"Tous les jours, les prix changent dans les supermarchés", déplore le sexagénaire Konstantinos Noumas.
"J'ai 50 cerisiers dans le Péloponnèse. A la coopérative, le prix du kilo est de 1,7 euro. Au supermarché, on achète (les cerises) 6 euros (le kilo)", s'indigne-t-il.
Son ami Zissis Karagiorgos, 67 ans, espère que "les gens, surtout les jeunes vont arrêter d'avoir peur du changement" et qu'ils vont "comprendre que le portable ou la voiture ne sont pas les valeurs prioritaires".
Bien que traditionnellement plus enclins à voter à gauche, un important pourcentage de jeunes a toutefois voté le 21 mai pour Nouvelle-Démocratie, selon des analystes.
- Avenir de la jeunesse -
Parmi eux, Nikos Giorgiou, 24 ans, qui est même venu avec sa mère soutenir le leader de droite vendredi sur l'esplanade de Syntagma, pour son dernier meeting de campagne.
Il "mérite la majorité absolue”, selon cet étudiant en économie. "Seul Mitsotakis peut permettre au pays de se stabiliser économiquement et offrir un avenir pour la jeunesse qui a été obligée de s'exiler pendant la crise économique”, assure-t-il.
Plus modéré, Giorgos Bistouras, un étudiant de 20 ans, qui se promène avec sa copine sur la place Syntagma, dans le centre d'Athènes assure que "pendant les quatre dernières années (de pouvoir) de la droite, il y eu de bons et mauvais moments".
A l'issue de ce nouveau scrutin, "on espère que les salaires vont s'améliorer et que les promesses vont se matérialiser", souligne-t-il.