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Au poste-frontière de Sumskas, niché sur une petite route à la frontière de la Lituanie avec le Bélarus, des dizaines de voitures attendaient paisiblement, samedi, de passer de l'autre côté.
Mais ce qui pendant des années a été une simple formalité, afin d'aller faire des courses pour moins cher ou rendre visite à des parents, risque de s'avérer dès la semaine prochaine plus difficile, avec la décision de ce petit pays balte de fermer deux de ses six points de passage, dont celui de Sumskas.
La décision des autorités lituaniennes est une réponse à l'aggravation des tensions entre les deux voisins, Vilnius mettant en garde contre les provocations de Minsk et des combattants du groupe paramilitaire russe Wagner désormais basés, en partie, au Bélarus après leur éphémère rébellion en Russie.
Pour les voyageurs occasionnels, cette mesure se traduira par un allongement des files d'attente aux quatre postes de contrôle restants.
- "Evaluer les risques" -
Certains Lituaniens affirment qu'ils renonceront à se rendre au Bélarus.
C'est le cas de Jadvyga, une retraitée de 73 ans, qui traverse la frontière à vélo plusieurs fois par an pour faire le plein de médicaments moins onéreux.
"Ce médicament y coûte un euro et demi, contre dix à douze ici", dit-elle à l'AFP. "Mais désormais, je n'irai plus".
D'après les chiffres officiels, environ 230.000 Lituaniens se sont rendus au Bélarus au cours du premier semestre de 2023, malgré les problèmes politiques entre les deux pays.
Cette semaine, le gouvernement de Vilnius a installé des banderoles portant l'inscription "Ne risquez pas votre sécurité - N'allez pas au Bélarus. Vous risquez de ne pas pouvoir revenir" à tous les postes-frontières.
"En accordant l'asile aux mercenaires de Wagner, le Bélarus est devenu un Etat qui abrite une organisation terroriste", a déclaré à la presse le vice-ministre lituanien des Affaires étrangères, Mantas Adomenas.
Vilnius estime que Minsk pourrait tenter de recruter à des fins d'espionnage des Lituaniens voyageant sur le territoire bélarusse, de faire pression sur eux ou de les faire chanter en contrôlant le contenu de leurs téléphones.
"Tout citoyen lituanien se rendant au Bélarus doit bien évaluer les risques, y compris pour sa santé et sa vie", a pour sa part déclaré Rustamas Liubajevas, le chef du service des gardes-frontières.
- Colère et déception -
Mais pour ceux qui avaient l'habitude de franchir la frontière, ces mesures ne provoquent que colère et déception.
Sergueï, un ouvrier du bâtiment qui n'accepte de révéler que son prénom, avait l'habitude d'aller faire ses courses au Bélarus une fois par mois et assure n'avoir jamais été aux prises avec ce genre de manœuvre
"Qu'est-ce qui peut se passer là-bas ? C'est absurde, c'est drôle", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Il vaudrait mieux tenter d'entretenir des relations amicales avec nos voisins mais, pour une raison ou pour une autre, ils cherchent la confrontation. A quoi cela sert-il ?" ajoute-t-il.