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"L'avenir de l'Ukraine est dans l'Otan". Les membres de l'Alliance atlantique ont tenté mardi de donner des gages à l'Ukraine, loin cependant des attentes de son président Volodymyr Zelensky qui réclamait un calendrier d'adhésion.
Lors d'un sommet à Vilnius, à quelque 35 km de la frontière avec le Bélarus, allié de Moscou, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a défendu la formulation "forte" retenue après d'âpres tractations.
"Nous serons en mesure d’adresser à l’Ukraine une invitation à rejoindre l’Alliance lorsque les Alliés l’auront décidé et que les conditions seront réunies": à l'issue d'une réunion de plusieurs heures, les dirigeants des 31 membres de l'Alliance ont opté pour une formule diplomatique pesée au trébuchet.
Quelques heures plus tôt, juste avant d'atterrir à Vilnius, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait dénoncé dans un tweet particulièrement virulent les atermoiements de l'Alliance, près de 18 mois après le début de l'invasion russe.
"Il semble qu'il n'y ait aucune volonté ni de donner à l'Ukraine une invitation à l'Otan, ni d'en faire un membre de l'Alliance", avait-il lancé. Jugeant "absurde" que son pays n'ait pas de calendrier d'adhésion, il a estimé que cela encourageait Moscou à "continuer sa terreur" en Ukraine.
Dans le même temps, Moscou assurait que les troupes russes avaient réussi une percée d'1,5 km de profondeur sur une portion du front près de Lyman, dans la région de Donetsk dans l'est de l'Ukraine.
Interrogé sur la possible déception de Kiev, Jens Stoltenberg a défendu le résultat obtenu. Et a insisté sur l'ensemble des annonces faites à Vilnius.
Le G7 (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Japon, Italie, Canada) fera mercredi une déclaration commune sur des "engagements de sécurité" pour l'Ukraine, a annoncé le chancelier allemand Olaf Scholz.
Avant même le communiqué final, le Kremlin avait mis en garde l'Otan sur les conséquences "très négatives" pour la sécurité européenne d'une adhésion de l'Ukraine. "Il s'agit clairement d'un sommet de l'Alliance qui a un caractère antirusse fortement prononcé", a fustigé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
- Livraison de missiles à longue portée -
S'il a été très allant sur l'assistance militaire conséquente à Kiev, le président américain Joe Biden a toujours été beaucoup plus réservé quant aux promesses d'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance.
Le locataire de la Maison Blanche a évoqué, pour l'heure, un accord similaire à celui qui lie les Etats-Unis et Israël: l'Etat hébreu reçoit tous les ans plusieurs milliards de dollars de Washington en aide militaire, ce qui lui offre une visibilité à long terme.
Plusieurs Alliés ont profité du rendez-vous de Vilnius pour faire de nouvelles annonces en faveur de Kiev.
Berlin s'est engagé à livrer pour près de 700 millions d'euros d'armes supplémentaires à l'Ukraine, a-t-on appris de sources gouvernementales allemandes.
L'Allemagne va notamment livrer des lanceurs pour le système de défense antiaérienne Patriot, des véhicules blindés de type Marder, des chars Leopard 1 A5 et des projectiles d'artillerie.
Le président français Emmanuel Macron a de son côté annoncé la livraison de missiles longue portée "SCALP" à l'Ukraine.
Ce missile de croisière, qui est développé conjointement par le Royaume-Uni et la France, est lancé depuis les airs. Il a une portée de plus de 250 kilomètres, plus que toutes les autres armes fournies à Kiev par les pays occidentaux.
Paris a souligné que de premiers SCALP avaient déjà commencé à être livrés en Ukraine, sans plus de précisions sur les volumes déjà acheminés ou à venir.
Ces promesses viennent en complément des dizaines de milliards de dollars d'équipements déjà livrés à l'Ukraine depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il y a un peu plus de 500 jours.
Le sommet de Vilnius est le premier pour la Finlande, qui est devenu en avril le 31e pays à rejoindre l'alliance militaire.
A la veille de cette réunion, les Alliés ont réussi à préserver leur unité en débloquant l'opposition de la Turquie à l'intégration de la Suède dans l'Otan: le président Recep Tayyip Erdogan a finalement accepté de lever son veto à cette candidature, après plus d'un an d'obstruction.