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Partygate: Boris Johnson ne lâche rien lors d'une longue audition devant une commission parlementaire

L'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé mercredi, "la main sur le coeur", qu'il n'avait pas menti au parlement, lors d'une audition décisive pour son avenir politique devant une commission parlementaire enquêtant sur le partygate, ces fêtes à Downing Street en pleine pandémie.

"Je suis ici pour vous dire, la main sur le coeur, que je n'ai pas menti au parlement", a affirmé l'ancien leader conservateur de 58 ans au début de cette audition télévisée durant laquelle il n'a rien lâché pendant plus de trois heures, face au barrage de questions auquel il était soumis.

L'enjeu est considérable pour le tonitruant dirigeant désormais simple député: si la commission de sept députés, dont quatre conservateurs, conclut qu'il a intentionnellement menti au parlement sur les fêtes à Downing Street durant le confinement, Boris Johnson risque de perdre son siège de député, compromettant la suite de sa carrière politique.

- Hésitations -

La commission a diffusé des photos des rassemblements à Downing Street, des témoignages, des extraits des déclarations de l'époque de Boris Johnson, le mettant face à ses contradictions. Devant les preuves avancées, il a tenté de répondre point par point, malgré quelques silences et hésitations.

"En tout temps, j'ai été entièrement transparent au parlement", a-t-il affirmé. "Je m'excuse d'avoir induit le parlement en erreur par inadvertance, mais dire que je l'ai fait délibérément est totalement faux".

Boris Johnson s'est volontiers défaussé sur ses anciens conseillers.

Les fêtes arrosées à Downing Street pendant le Covid, révélées dans la presse pendant des mois, avaient suscité la colère des Britanniques, pour leur part strictement confinés, qui avaient dénoncé un "deux poids deux mesures" intolérable.

La commission parlementaire, accusée par les partisans de Boris Johnson de s'être lancée dans une chasse aux sorcières, doit déterminer s'il a menti délibérément à la chambre des Communes, notamment lorsqu'il a affirmé en décembre 2021 devant les députés que "les règles ont tout le temps été respectées" à Downing Street pendant la pandémie.

"Notre démocratie dépend de la certitude que ce que les ministres disent aux députés au parlement est la vérité. Et sans cette confiance, notre entière démocratie parlementaire est minée", a souligné la présidente de la commission Harriet Harman.

"J'accepte qu'une parfaite distanciation sociale n'était pas respectée (à Downing Street), mais cela ne veut pas dire, que ce que nous faisions était incompatible avec les règles", a tenté M. Johnson, qui n'a exprimé aucun regret.

A propos d'une photo prise lors d'un rassemblement pour le départ d'un membre de son équipe, il s'est défendu: "Je comprends que les gens qui regardent cette photo penseront qu'il s'agissait d'un événement social. (...) Ce n'était pas un événement social. (...) Ce n'était pas une fête".

- 220.000 morts -

Avant l'audition, la commission avait, dans un document de 110 pages, retracé les déclarations officielles de Boris Johnson et ce qui se passait alors à Downing Street.

En mai 2020, M. Johnson demande à "l’ensemble du pays d'obéir aux règles", mais participe quelques jours plus tard à une garden party à Downing Street.

Le 10 juin, il "exhorte tout le monde à continuer de faire preuve de retenue et de respecter les règles" et participe le 19 à une fête d’anniversaire organisée pour lui par son épouse Carrie.

Et en novembre 2020, à l’occasion d’une petite fête, toujours à Downing Street, il ironise sur le fait que "c’est probablement le rassemblement le moins respectueux de la distanciation sociale dans tout le Royaume-Uni".

Boris Johnson à tout au long de l'audition a plaidé la bonne foi.

Sa défense, assurée notamment par David Pannick, l'un des avocats les plus célèbres du pays, a coûté aux contribuables plus de 220.000 livres sterling (249.540 euros), selon les médias britanniques.

Les députés voteront sur les sanctions qu'il pourrait encourir, y compris une suspension qui, si elle dépasse 10 jours, pourrait déclencher une élection partielle dans sa circonscription, où sa majorité est faible.

Les déclarations de Boris Johnson ont déclenché la colère des familles de victimes de la pandémie, qui a fait plus de 220.000 morts au Royaume-Uni, le bilan le plus élevé en Europe après la Russie.

"S'il avait du respect, il démissionnerait de son siège de député et réfléchirait calmement à la douleur et à la souffrance qu'il a infligées", a commenté l'association "Bereaved Families for Justice".

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