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Nouvelle tentative - gagnante cette fois - pour la mission européenne Juice: 24 heures après son report en raison d'une mauvaise météo, la sonde spatiale s'est élancée vendredi en direction de Jupiter et de ses lunes glacées, en quête d'environnements habitables pour une vie extra-terrestre. Le décollage depuis le port spatial de Kourou en Guyane française a eu lieu à 14h14 heure belge, soit une demi-heure plus tôt que l'heure de décollage prévue lors de la première tentative. "Il y a un rayon de soleil, tout le monde est confiant", expliquait notre envoyé spécial Sébastien Rosenfeld avant le décollage.
Jeudi, les équipes du Centre spatial guyanais avaient interrompu les opérations à cause d'un risque de foudre, tandis que plusieurs personnalités, dont le roi Philippe et les astronautes français Thomas Pesquet et allemand Matthias Maurer, étaient venues assister au lancement depuis la salle de contrôle de Jupiter.
Quelques minutes avant le décompte final, "une grosse masse nuageuse s'est approchée et on a mis un rouge météo, car on ne pouvait absolument pas procéder au lancement du fait de ce risque de foudroiement", explique Stéphane Israël, le président d'Arianespace.
"Pour décoller, on a besoin que trois paramètres soient au vert: la préparation du lanceur, la disponibilité de la sonde, et la météo qui est le dernier suspense", a-t-il ajouté. Si les vents d'altitude, relativement prévisibles, sont annoncés au vert pour ce vendredi, "il faudra continuer à surveiller les risques de foudre jusqu'au dernier moment", prévient M. Israël.
Contrairement aux lancements classiques qui disposent d'une certaine marge pour décoller, la fenêtre de tir de la sonde Juice est à une seconde près, du fait de l'orbite particulière qui est visée.
Selon le programme de vol, la sonde de six tonnes doit se séparer de la fusée 27 minutes après le décollage, à environ 1.500 kilomètres d'altitude.
Ce sera alors le début d'une odyssée de huit ans pour Juice (Jupiter Icy Moons Explorer), mission phare de l'Agence spatiale européenne (ESA).
En partant explorer Jupiter et ses lunes glacées, la sonde est en quête d'environnements habitables pour des formes de vie extra-terrestres. Elle n'atteindra sa destination qu'en 2031, à plus de 620 millions de kilomètres de la Terre, au terme d'un voyage mouvementé.
Objectif: l'océan de Ganymède
Ne pouvant rejoindre directement Jupiter, l'engin devra en passer par de complexes manoeuvres d'assistance gravitationnelle qui consistent à utiliser la force d'attraction d'autres planètes pour gagner de la vitesse.
Par un survol Lune-Terre d'abord, puis de Vénus (2025), puis à nouveau de la Terre (2029), avant de prendre son élan vers le mastodonte du système solaire et ses plus grandes lunes, découvertes par Galilée il y a 400 ans: Io la volcanique et ses trois comparses glacées Europe, Ganymède et Callisto.
La quête principale de Juice est de trouver des environnements propices à l'apparition de la vie. Si Jupiter, planète gazeuse, est inhabitable, ses lunes Europe et Ganymède sont des candidates idéales: sous leur surface de glace, elles abritent des océans d'eau liquide. Or, seule l'eau à l'état liquide rend la vie possible.
Juice cible Ganymède. Elle ira se placer en 2034 en orbite autour de ce satellite naturel, le plus gros du système solaire et le seul à posséder un champ magnétique le protégeant des radiations.
L'enjeu de la mission est de connaître la composition de son océan, pour savoir si un écosystème pourrait s'y développer.
"C'est la sonde la plus complexe jamais envoyée sur Jupiter", a déclaré Philippe Baptiste, président du Centre national d'études spatiales (CNES). Conçue par Airbus, Juice embarque dix instruments scientifiques (caméra optique, spectromètre imageur, radar, altimètre, magnétomètre...).
Elle est aussi équipée d'immenses panneaux solaires de 85m2 (la taille d'un terrain de basket) pour garder de la puissance, dans un environnement où la lumière du Soleil est 25 fois plus faible que sur Terre.
Le lancement de Juice, d'un coût de 1,6 milliard d'euros, intervient en pleine crise des lanceurs pour l'Europe, quasiment privée d'accès autonome à l'espace après le départ des fusées russes Soyouz de Kourou, des retards cumulés d'Ariane 6 et l'échec du premier vol commercial de Vega C.
Il s'agit de l'avant-dernier vol d'une fusée Ariane 5, avant l'arrivée d'Ariane 6 prévue pour fin 2023.