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Monique Olivier est en voie d'être jugée dans trois "cold cases" concernant Michel Fourniret: le parquet de Nanterre a requis son renvoi devant une cour d'assises pour complicité dans l'enlèvement d'Estelle Mouzin en 2003, et dans l'enlèvement et le meurtre de Marie-Angèle Domèce en 1988 et de Joanna Parrish en 1990.
Depuis la mort de Michel Fourniret en 2021, Monique Olivier est la seule personne mise en cause dans ces trois dossiers. Il revient désormais à la juge d'instruction Sabine Kheris de trancher sur la tenue, ou non, d'un procès.
S'il avait lieu, ce procès devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine serait le premier du pôle "cold cases" dédié aux affaires non élucidées et pourrait se tenir en novembre.
Contacté par l'AFP, l'avocat de Monique Olivier, Me Richard Delgenes, n'étais pas joignable mercredi matin.
Monique Olivier est mise en examen dans deux informations judiciaires: l'une pour "complicité d'enlèvement et de séquestration suivis de mort sur Estelle Mouzin", l'autre pour "complicité d'enlèvement et de séquestration, d'une part, et de meurtre, précédé, suivi ou accompagné de viol d'autre part sur Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce", a précisé le parquet de Nanterre, contacté mercredi par l'AFP.
Le parquet demande que ces deux affaires soient jugées en même temps.
Monique Olivier, 74 ans, a déjà été condamnée à la réclusion à perpétuité pour complicité de quatre meurtres et d'un viol en réunion commis par Michel Fourniret. Puis elle a été condamnée à 20 ans de réclusion pour complicité dans un cinquième meurtre, crapuleux cette fois, également commis par le tueur.
- "Pacte satanique" -
Au milieu des années 1980, Michel Fourniret, alors en prison pour viol, cherche à correspondre et passe une petite annonce dans Le Pèlerin, un hebdomadaire catholique.
Déjà mère de deux enfants, Monique Olivier - dont certains experts soulignent l'intelligence remarquable - échange plus de 200 lettres avec celui qu’elle appelle "son fauve". Lui la surnomme "sa mésange".
Dès le début s'esquisse "un pacte satanique": le dessinateur industriel parle sans cesse de son obsession des jeunes vierges, un fantasme avec lequel elle accepte de composer.
Elle s'installe avec lui en 1987 à sa sortie de prison. Ils ont eu un fils ensemble avant de divorcer en 2010.
Michel Fourniret avait de son côté été condamné à la perpétuité incompressible pour les meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001. Mis en examen dans les dossiers Mouzin, Parrish et Domèce, il est décédé le 10 mai 2021 à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.
Avant sa mort, Monique Olivier avait commencé à livrer des informations à la justice.
Elle avait donné aux enquêteurs une première liste de victimes en juin 2004, puis contredit l'alibi du tueur en série le jour de la disparition d'Estelle Mouzin en novembre 2019.
Quelques mois plus tard, Michel Fourniret avouait à la juge Kheris sa responsabilité.
Puis, en avril 2021, Monique Olivier avait reconnu la première fois un rôle dans la séquestration d'Estelle, précisant avoir accompagné Michel Fourniret près du bois d'Issancourt-et-Rumel pour enfouir le corps de la fillette.
Elle avait ensuite déclaré en août 2020 que son ex-mari avait séquestré, violé et tué la fillette à Ville-sur-Lume (Ardennes). L'ADN partiel d'Estelle Mouzin avait été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison.
Reste l'énigme des corps dans deux de ces trois dossiers.
Depuis juin 2020, une dizaine de campagnes de fouilles ont été organisées dans les Ardennes pour retrouver celui d'Estelle Mouzin. Une autre campagne a également eu lieu fin janvier, dans l'Yonne, pour celui de Marie-Angèle Domèce. Sans résultat.
Au 1er mars, le pôle "cold cases" de Nanterre était saisi de 77 dossiers à l'instruction, dont neuf parcours criminels; plusieurs dossiers concernent encore Michel Fourniret.
Parmi eux celui de Lydie Logé, disparue à 29 ans dans l'Orne en 1993, et dans lequel M. Fourniret avait été mis en examen en 2020.