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"Il faut le faire, il faut se battre": partout dans leur pays, les Français manifestent contre la réforme des retraites du gouvernement

Moins nombreux que lors des six journées de mobilisation précédentes, les manifestants opposés à la réforme des retraites étaient partagés samedi entre fatalisme, colère, et parfois, espoir de faire reculer le gouvernement.

A Bordeaux, Gérard Chaluteaud, opérateur finition dans la métallurgie, 37 ans, "de plus en plus en colère". "Je suis de plus en plus en colère de ne pas être entendu. Il faut qu'ils écoutent la rue et qu'ils lâchent un peu. Si c'est voté, ça va être le bordel ! On va partir sur des blocages. J'ai des collègues de boulot qui ont déjà participé à un blocage du dépôt pétrolier d'Ambès (Gironde) dans la semaine, je vais les suivre dans cette voie. A la CGT, il y a des réunions syndicales tous les jours pour préparer la suite du mouvement" en cas d'adoption de la loi.

A Lyon, Maryline, employée dans la restauration, 49 ans, n'a "plus d'espoir"."Je me bats aussi pour mes enfants, comme les générations passées s'étaient battues pour nous", dit cette mère célibataire de deux enfants, qui vient manifester pour la première fois. Selon elle, le vote du Sénat montre que la loi "va passer". "Je n'ai plus d'espoir, ils abusent de l'article 49.3, il n'y a pas de dialogue", se désole-t-elle.

"Ça me fout les boules"

A Strasbourg, Claude Jeanvoine, ancien conducteur de trains, 63 ans, "toujours" déterminé. "J'ai toujours le même état d'esprit qu'à la première manifestation. Je me bats pour mes collègues, pour les jeunes. Il ne faut pas que les gens se laissent faire, c'est l'avenir de leurs enfants et petits-enfants qui est en jeu. Si on n'y croyait pas, on ne serait pas là".

A Marseille, Sophie Merle, assistante maternelle de 50 ans, vient "pour (elle) et (ses) enfants". "Je ne sais pas si c'est utile, mais il faut que je le fasse pour moi, pour mes enfants. J'ai eu trois enfants et c'est comme si je n'avais rien eu, ça fout les boules quand même. Si j'avais su, je n'aurais pas arrêté de travailler pour m'occuper de mes enfants quand ils étaient petits".

A Paris, Franck Ferron, salarié de l'aéronautique, 58 ans, croit possible le recul du gouvernement. "Tant que c'est encore possible, il faut se battre", dit ce manifestant, qui tient une pancarte "des amateurs et des menteurs". "Il faut se mobiliser pour pouvoir faire reculer le gouvernement. Même après un vote en force, un 49.3, il y aura toujours possibilité de faire reculer le gouvernement. Tant que le texte n'est pas appliqué, que les décrets ne sont pas sortis... il y a déjà eu un historique sur le sujet".

A Rennes, Lise, 36 ans, aide-soignante dans un hôpital, veut que "ça tienne"."La semaine on travaille, on travaille aussi un week-end sur deux. C'est pour ça que je viens, sinon je perds de l'argent. Ce n'est pas possible au niveau financier. Je travaille aussi dans une branche où on ne peut pas se permettre d'être absent", dit cette mère venue avec sa fille adolescente. Le mouvement, "il faut que ça tienne. Je suis pour éclater cette réforme."

"En colère"

A Lille, Franck Meunier, commercial de 59 ans, "extrêmement motivé". "Je pense qu'on se fait maltraiter par l'Etat. On a voté pour un mec contre le Front national, et il n'écoute pas le peuple. Les sénateurs auraient intérêt à penser aux prochaines élections, s'ils font ça, peut-être qu'ils réfléchiront à deux fois avant de voter une loi complètement injuste. Et si c'est voté, on continuera la lutte, évidemment".

A Lyon, Salim Belkessa, professeur d'EPS de 59 ans, "désabusé et en colère". "Je suis totalement désabusé et en colère (...) On n'a aucune assurance sur le débouché mais on sait que si on n'est pas là, ça donnera un signal qui est fatalement négatif. Déjà que la population a du mal à se mobiliser dans un contexte de précarité, d'inflation.(...) J'ai peur de sortir de là avec pas grand chose face à un gouvernement qui est dans une stratégie de pourrissement. Son meilleur allié, c'est l'épuisement (...) Il n'y a qu'une chose qui marche, c'est le rapport de force".

 

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