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Les délégués du congrès socialiste à Marseille ont entériné samedi la victoire d'Olivier Faure comme premier secrétaire du PS, grâce à un accord avec son rival Nicolas Mayer-Rossignol, qui met un terme à plusieurs jours de contestations et fractures internes.
Au deuxième jour du congrès, au palais du Pharo, les 186 délégués ont, à la quasi unanimité, brandi leur carton rouge validant l'accord entre les deux rivaux, et portant sur la composition de la direction notamment.
Ce "pacte de gouvernance collective et de rassemblement des Socialistes" reconnaît ainsi Olivier Faure comme premier secrétaire du parti.
Le sortant et son rival, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, qui contestait jusqu'à présent sa victoire, se sont mis d'accord sur ce texte en fin de matinée, après une longue nuit de négociations.
"Cette maison, vous venez encore, une fois de plus, de la sauver", a réagi au micro, sous les applaudissements, le maire de Marseille Benoît Payan, qui a dit "avoir eu peur ces derniers jours".
Juste avant le vote, les deux rivaux se sont embrassés devant les militants, qui après quelques divergences de chapelles sur le chant à entonner, se sont retrouvés sur "Tous ensemble, tous ensemble, socialistes".
Le texte détermine que Nicolas Mayer-Rossignol, sceptique vis-à-vis de l'alliance de gauche Nupes dont Olivier Faure est un artisan, deviendra premier secrétaire délégué - un titre créé pour l'occasion - au côté de la maire de Nantes pro-Faure Johanna Rolland.
"A un combat des chefs, nous avons préféré des chefs au combat", a déclaré Nicolas Mayer-Rossignol. Pour Michaël Delafosse, le maire de Montpellier qui le soutient, l'accord est "un moindre mal", et obligera "à discuter de manière collégiale sur tout".
"C'est un accord de gouvernance global, qui intègre la majorité et la minorité", a expliqué Olivier Faure devant la presse.
Selon le texte, le premier secrétaire et les deux premiers secrétaires délégués vont travailler "de façon collégiale, en recherchant le consensus".
Mais "il n'y a pas de +direction collégiale+ qui occuperait la fonction de premier secrétaire", a précisé Olivier Faure, rappelant qu'en cas de divergence, l'instance de décision reste le bureau national.
Sans évoquer nommément l'alliance Nupes, l'accord précise aussi que la direction "s'inscrit dans la volonté de poursuivre, dans le respect des sensibilités, une stratégie de rassemblement de la gauche et de l'écologie", avec "la nécessité que le parti socialiste en redevienne la force centrale".
Hélène Geoffroy, chef de file des anti-Nupes, ne fera pas partie de la direction mais prendra la présidence du conseil national, le parlement du parti. Une fonction symbolique, qui marque "qu'elle s'associe au rassemblement mais ne partage pas la ligne" d'orientation, a dit Olivier Faure.
- "Recoller les morceaux" -
Le maire de Rouen a contesté pendant plusieurs jours la victoire du premier secrétaire sortant (avec officiellement 51,09%). Ce vote n'est d'ailleurs pas explicitement reconnu par toutes les parties dans l'accord, qui s'appuie sur le vote des textes d'orientation, une semaine auparavant.
Olivier Faure y avait obtenu 49% des voix et le maire de Rouen autour de 30%, devant une troisième candidate, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy (autour de 20%).
M. Mayer-Rossignol dit incarner une ligne centrale. Il ne cache pas ses réticences vis-à-vis de LFI et d'un accord qui a déçu beaucoup de socialistes.
Les négociations ont duré parce qu'il y avait "une architecture à construire dans le respect de ce que les militants ont exprimé", explique le chef des députés Boris Vallaud.
Elles se sont notamment débloquées lorsque Hélène Geoffroy, qui s'était reportée sur Nicolas Mayer-Rossignol, a indiqué qu'elle ne souhaitait pas intégrer la direction, mais rester dans l'opposition.
"Ils assument d'être la minorité, mais ne sont plus avec Nicolas Mayer-Rossignol, ce qui change la donne" et le rapport de force, explique une proche d'Olivier Faure.
Tout est bien qui finit bien sur la Canebière ? L'arrivée de Nicolas Mayer-Rossignol dans l'exécutif promet quelques batailles d'influence. Et "il y aura la réalité des fédérations où il faudra recoller les morceaux d'une campagne violente", anticipe Clara, 24 ans, militante dans le Val-de-Marne.