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Cambodge: jour de verdict pour l'opposant Kem Sokha, accusé de trahison

L'opposant cambodgien Kem Sokha est arrivé vendredi matin au tribunal de Phnom Penh chargé de rendre son verdict dans un procès pour trahison, dénoncé comme politique, qui pourrait l'empêcher de se présenter au scrutin national de juillet.

Figure de l'opposition et cofondateur du Parti du salut national du Cambodge (PSNC), aujourd'hui dissous, il risque jusqu'à 30 ans de prison pour des charges qu'il a toujours contestées.

"Il tient bon, et reste optimiste. Il a très envie de reprendre sa carrière politique", a déclaré à l'AFP sa fille Kem Monovithya.

"J'espère qu'il sera blanchi pour participer aux prochaines élections", prévues le 23 juillet prochain, a-t-elle poursuivi.

M. Sokha a salué les caméras avant de monter les escaliers du tribunal, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.

L'ambassadeur américain au Cambodge, W. Patrick Murphy, était présent dans la salle d'audience.

Kem Sokha, 69 ans, a été arrêté en septembre 2017, accusé d'avoir voulu renverser le gouvernement de Hun Sen, au pouvoir depuis 1985.

Il avait été emprisonné puis placé en résidence surveillée. Cette mesure a été levée en novembre 2019, sous conditions.

Son procès a traîné, notamment en raison des restrictions liées au coronavirus qui ont provoqué un report des audiences de presque deux ans, jusqu'à la reprise en janvier 2022.

Une éventuelle condamnation s'inscrirait dans la vague de répression initiée par le régime à l'encontre des voix dissidentes, dont certaines ont dû fuir le royaume de peur d'être arrêtées et poursuivies en justice.

L'an dernier, des dizaines d'opposants, certains liés au PSNC, comme son ancien chef Sam Rainsy, qui vit en exil en France depuis 2015, ont été condamnés à des peines de prison au cours de deux procès de masse dénoncés par la communauté internationale.

- "Raisons politiques" -

Le PSNC avait réalisé une percée aux élections de 2013, remportant 55 sièges sur 123, avant d'être dissous quatre ans plus tard par la Cour suprême du pays.

Au scrutin qui a suivi, en 2018, le parti du Premier ministre Hun Sen (70 ans) a raflé l'intégralité des sièges au Parlement, des résultats vivement contestés.

En l'absence d'opposition visible, le dirigeant cambodgien, ancien combattant khmer rouge entré en dissidence du mouvement, qui a gravi les échelons durant l'occupation du Cambodge par le Vietnam, plus ancien dirigeant en Asie, se dirige vers une nouvelle victoire écrasante aux législatives de juillet.

La fermeture jugée arbitraire de l'un des derniers médias indépendants du royaume, Voice of Democracy, mi-février, a ravivé les inquiétudes autour de la tenue d'élections libres et équitables.

Le procès de Kem Sokha est "comme un os coincé dans la gorge de Hun Sen", a déclaré Sam Rainsy auprès de l'AFP.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui a rencontré Kem Sokha à Phnom Penh en août, s'était dit "déçu" par le temps qu'a pris la procédure judiciaire "motivée par des raisons politiques".

Pour l'expert Bunna Vann, une condamnation reviendrait à "renforcer la domination du parti unique" de Hun Sen.

"C'est un signal que n'importe quel parti d'opposition qui défierait le Parti du peuple cambodgien sera facilement dissous", poursuit-il.

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